Roland D-50 (1987)

Roland D-50 (1987)Apparu en 1987, le Roland D-50 est un des synthés majeurs des années 80 avec le Yamaha DX-7 et le Korg M1.

Ce synthé est à mi-chemin entre la synthèse soustractive et le lecteur d’échantillon de par la fait qu’il utilise des PCM pour générer les attaques des sons, les formes d’ondes typiques de la synthèse soustractive prenant ensuite le relais … C’est ce que Roland a appelé la synthèse « L.A » pour Linear Arithmetic. Vous allez me dire, pourquoi ne pas avoir directement implanté de véritables échantillons en lieu et place de la partie synthèse comme sur le M1 ?
Eh bien en 1987 la mémoire informatique était encore une denrée rare et il n’était pas possible de proposer des banques de sons de plusieurs dizaine de Mo comme c’est le cas aujourd’hui. Roland a donc opté pour cette astuce. En effet, on reconnait une sonorité bien souvent en premier lieu grâce à son attaque (exemple, le frottement d’un archet sur les cordes d’un violon), ce qui se passe ensuite peut se simuler avec une forme d’onde, c’est la programmation de l’enveloppe qui sera importante pour que l’illusion soit parfaite…

Le D-50 est donc doté de samples très courts de ces fameuses attaques mais aussi de loops qui permettent un travail plus original. Il n’en reste pas moins que le D-50 est une machine assez déroutante à programmer au début, n’oublions pas que c’est une machine des années 80, dont l’ergonomie n’a jamais été pensé pour les musiciens et/ou sound-designers … A tel point qu’un programmeur externe répondant au doux nom de PG-1000 a été commercialisé pour combler cette lacune. Avec cet accessoire, les entrailles de la bête deviennent enfin accessible de façon directe et éditer les sons devient une partie de plaisir, « à l’ancienne » comme disent les jeunes. A noter qu’une section effet comprenant Chorus, Reverb et Equaliser permet d’enrichir le son (un souffle étant alors plus ou moins audible selon les rêglages), ce qui était une première à l’époque.

Et Jarre dans tout ça ? Eh bien c’est très simple, JMJ a massivement utilisé le D-50 pour un album qui s’intitule Révolutions. Tous les morceaux y figurant en contiennent à plus ou moins forte dose. Que ce soit pour la rythmique des enclumes de Révolution industrielle Ouverture, les sons de cordes, le Lead de Computer week-end, de l’Emigrant, certains effets et séquences de révolution industrielle 1, 2, 3, demandez au D-50 … Francis Rimbert qui a assisté JMJ à l’époque pour la programmation du bestiau déclare d’ailleurs que chaque fois qu’il se sert du D-50, même aujourd’hui, il retombe sur une sonorité qu’ils ont sollicité dans l’album, c’est dire …

L’album suivant, En attendant Cousteau contient aussi son lot de D-50 dont l’exemple le plus flagrant est le son de vagues qui joint la partie 1 et 2 de Calypso.

Mais le D-50 ne saurait se limiter à une utilisation « cover de Révolution », c’est avant tout un excellent synthétiseur qui est à l’aise aussi bien dans les sons de basses, de nappes, d’effets, de Leads et surtout pour les sons d’ambiance. Le stockage des sonorités se faisait sur carte mémoire et nombres de cartes de sons ont vus le jour, c’était la mode à l’époque …Aujourd’hui on retrouve une quantité incroyable de sonorités disponibles sur Internet, le D-50 pouvant les charger en SysEx, ce qui est plus pratique vu la rareté des cartes de nos jours… Une version expandeur a également été commercialisée, c’est le D-550. Il s’agit exactement de la même machine, sans le clavier, le levier de Pitch/ModWheel et le fameux joystick permettant d’éditer et de naviguer entre les différents Tones. Votre serviteur ayant possédé le D-550 puis le D-50, je puis vous dire que la version clavier est plus fun à utiliser que la version rack.

Pour conclure, si vous êtes à la recherche d’un synthé puissant, original, toujours dans le coup après toutes ces années et que vous aimez à l’occasion jouer Révolution industrielle de JMJ ou Orinoco flow d’Enya, le D-50 est une option à ne pas négliger. On le trouve de surcroit pour pas très cher en occas…

Article rédigé par Mr Pitch.

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