Au milieu des années 80, alors que le DX7 de Yamaha fait des ravages et se vend comme des petits pains (enfin… pas au même prix), les concurrents font ce qu’ils peuvent pour survivre. Certains (PPG, Moog, Sequential Circuits, Oberheim) sont au bord de l’asphyxie et sur le point de fermer ou de se faire racheter (Korg et Sequential Circuits, tous deux par… Yamaha). De nouveau constructeurs (essentiellement japonais) se lancent et rencontrent plus ou moins de succès, comme Casio avec sa série CZ, qui se vend bien, ou Seiko avec ses DS-250/DS-310 qui font un bide terrible. En fait, le concurrent le plus sérieux de Yamaha est un autre japonais, Roland.
La firme a été fondée en avril 1972 par Ikutaro Kakehashi à Ōsaka. Il aurait donné ce nom parce qu’il était prononçable dans toutes les langues du monde, ce qui prouvait que ce monsieur avait un sens déjà aigu du marketing. Kakehashi avait commencé fin des années 60 en concevant des boites à rythmes sous la marque d’Ace Electronic Industries Inc. Il se lance avec Roland dans la commercialisation de son premier synthétiseur en 1973, le SH-1000. Au cours des années suivantes, la firme se fera remarquer avec des modèles très réputés comme le SH-5, le modulaire System 100 ou le fabuleux Jupiter 8.
Au début des années 80, Roland connait un certain succès avec les boites à rythmes TR808 et TR909 dont sont encore friands de nos jours nos amis technoïdes. Roland traverse la période “DX7” sans trop de difficultés, car la firme met l’accent sur l’originalité de ses instruments plutôt que sur la copie de ce qui se faisait avant. Ainsi naquirent le Juno 106, un synthétiseur à boutons grand public, le JX-3P, un synthé mi-analogique mi-numérique doté d’un arpégiateur, et, en 1985, son grand frère, le JX-8P. C’est un beau clavier de 61 notes, polyphonique 6 voies. La programmation des sons se fait, dans le plus pur style “DX7” en pressant des touches sensitives. Fort heureusement, et fort intelligemment, Roland propose en option un programmeur, le PG-800, qui permet de paramétrer un son avec des boutons et des sliders. Hormis cela, l’architecture est très classique. On est ici avec un instrument numérique avec des filtres analogiques. On dipose de deux effets, un portamento et un chorus. 64 emplacements mémoire sont disponibles, ainsi qu’un emplacement pour une cartouche mémoire. En 1986, Roland sortira une version avec un clavier 6 octaves et plus de mémoires, le JX-10 “Super JX”. Il correspond à 2 cartes du moteur sonore du JX-8P avec un grand clavier. Il possède donc 2 fois plus de polyphonie etc et a été commercialisé également sous forme de rack, le MKS-70. Les deux sont éditables avec le programmeur PG-800 mais seul le MKS-70 pouvait être édité de façon informatique via SysEx. Deux ans plus tard, avec le D-50, Roland mettra fin à l’hégémonie du DX7… Jean-Michel Jarre a utilisé le JX-8P sur l’album “Rendez Vous”.
Article rédigé par Knarf the Dwarf.
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