La firme Italienne ELKA s’est longtemps spécialisée dans les orgues (dont le Rhapsody, utilisé par Jarre) avant de lancer en 1983 son premier synthétiseur, le Synthex. Et pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître.
C’est un instrument polyphonique 8 voies, doté d’un clavier 5 octaves, de 30 boutons rotatifs, 80 boutons à presser, et un joystick (ou “bâton de joie”). Le sons peuvent être enregistrés dans 40 mémoires, et 40 autres contiennent des sons d’usine (preset).
Chaque voix possède deux oscillateurs numériques (DCO), chacun ayant sa propre enveloppe. On dispose d’un filtre multimode (passe-bas 24dB , passe-haut 12dB , passe-bande 12dB et 6dB), d’un effet “chorus” (pour “élargir” encore le son), et d’un modulateur en anneau. Le joytisck remplace les molettes traditionnelles de contrôle du pitch bend et de la modulation. On peut contrôler en temps réel les deux LFO (qui peuvent agir sur les oscillateurs ou les filtres. Enfin, le Synthex incluait un petit sequenceur quatre pistes. Dans les dernières versions de l’instrument, où l’interface MIDI avait été implémentée, deux de ces pistes pouvaient envoyer des données MIDI pour contrôler un instrument externe.
Si, sur le papier, les caractéristiques du Synthex sont plus qu’honnêtes, dignes des grands ainés polyphoniques (genre Prophet 5 ou Oberheim OBXa), c’est quand on écoute ce que donne l’instrument qu’on se rend compte de la vraie différence avec la concurrence : le son est é-nor-me, et il excelle surtout dans les nappes, les sons de cuivres et les effets sonores.
Jean-Michel Jarre est l’un de ses plus fervents adeptes. Pour preuve, l’album “Rendez Vous”, véritable “ode” au Synthex : tous les gros sons synthétiques de cuivres, de basses et d’effets en sortent, sans compter celui de la harpe-laser ! Dans une interview à “Keyboards” (France) en 1987, il était dithyrambique sur le Synthex, le considérant comme bien meilleur que tous les autres polyphoniques américains. Il alla même jusqu’à faire de la publicité pour Elka !
Il l’utilisa encore, dans une bien moindre mesure, sur les albums “Révolutions” et “Chronologie”. Mais avec le retour en grâce des vieilles machines chez JMJ, espérons que le Synthex retrouvera sa place au côté du Memorymoog ou du Yamaha CS80…
Côté commercial, le Synthex ne fut hélas pas un grand succès, car il sortit la même année que le DX7 et fut aussi une victime de ce véritable tsunami. Hormis par Jarre, il fut aussi utilisé par Tangerine Dream (album “Le Parc” en 1985). L’ultime Synthex sorti des usines fut offert à Stevie Wonder.
Quant à Elka, elle commercialisa encore deux autres synthétiseurs (EK22 et EK44) moins originaux, une sorte de clavier-arrangeur (le OMB “One Man Band” 5) et des claviers de contrôle avant de se fondre (avec d’autres marques) dans le conglomérat italien GeneralMidi. Aujourd’hui la marque existe encore mais ne fabrique plus que des amplis.
Article rédigé par Knarf the Dwarf.
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