Compte-rendu du NAMM 2013

Commençons par un anniversaire :  la Musical Instrument Digital Interface, connue sous son acronyme de MIDI, fête cette année ses 30 ans… Une petite interface DIN à cinq petites broches toute simple, mais qui aura révolutionné le monde de lutherie et de la musique dite “électronique” (au sens très large du terme). Rappelons qu’elle fut imaginée et mise au point par Dave Smith (papa aussi du légendaire Prophet 5, excusez du peu) dans un soucis d’harmonisation des communications entre les machines, et que la première démonstration fut faite au NAMM 1983 avec les deux premières machines équipées de base en MIDI, à savoir le Prophet 600 de Sequential Circuits et le JX3P de Roland

30 ans ont passé donc, la norme MIDI est toujours là, indétronable… tout comme son génial géniteur ! Dave Smith a profité de ce NAMM 2013 pour présenter le nouveau synthé de sa firme Dave Smith Instruments, le Prophet 12, un magnifique clavier polyphonique… 12 voix avec, par voix, 4 oscillateurs (oui, 4 !!!) + 1 sub oscillateurs (le sub oscillateur est la grande tendance du moment, il semble…), filtre passe haut/ passe bas, délai intégré, de la modulation dans tous les sens et arpégiateur. Les plus de la bête : quatre traitements (appelés drive, hack, décimation, girth et air) qui viennent s’intercaler entre les oscillos et le filtre, et une paire de mini “ribbon controller” sensibles à la pression, destinés à contrôler en tant réel les paramètres que vous voulez,  et placés astucieusement au dessus des roues bender et modulation. Bref, un très, très bel instrument tant sur le papier qu’à l’écoute des premières démos qui circulent. Disponible un peu plus tard dans l’année pour 2999 de nos Euros – c’est cher, mais franchement, vu le niveau de qualité, de finition et les possibilités de l’engin, ça les vaut. Et c’est presque le prix d’un Minimoog Voyager qui est, lui, monophonique.

Moog, justement (habile transition, n’est ce pas ?), lance le Sub Phatty, une petite machine forcément 100 % analogique, avec 2 oscillateurs, 1 sub oscillateur (la tendance…) qui donne son nom à la bête,  le fameux filtre Moog avec multidrive, entrée/ sortie audio, Midi, USB, entrées CV/GATE, 31 boutons rotatifs pour contrôler le tout, 16 (seulement ?) emplacements mémoire pour stocker ses sons, et un ‘chtit clavier de 25 touches, le tout pour environ 1000 Euros. Une machine quelque part entre le Little Phatty (plus grand) et leMinitaur (plus petit). Un concurrent du MiniBrute (qui a un sub-oscillateur…) des français Arturia, qui est beaucoup moins cher (et sonne très, très bien).

Arturia (je suis le roi de l’enchaînement), justement, revient avec un petit clavier maître tout mignon, le MiniLab, avec 25 mini touches, 16 encodeurs, 16 pads, USE et tout, pour 99 Euros, livré avec le fabuleux Analog Laboratory 2.0 et 5000 sons issus des autres produits Arturia (Mini V, SEM V, Prophet V, etc). Autre nouveauté, une déclinaison très sympa et pas chère de leur excellente boite à rythme / groovebox, la Spark LE qui, pour 249 Euros, propose une solution hybride hardware (le contrôleur avec les pads et les boutons, en version plus compact que sur le Spark original) et software (pour MAC/PC, autonome ou plug-in). Trois moteurs de synthèse (analogique virtuel, comme pour les synthés soft Arturia, modélisation physique et samples), 1500 sons de base, 100 kits… Encore une jolie réussite française, cocorico, enfilez vos marinières et à vos claviers.

Yamaha continue à décliner ses workstations avec les MX49 MX61, des déclinaisons de ses MOX6 et MOX8 de 2012, des claviers combinant synthé et interface audio, offrant une solution d’intégration parfaite en configuration MAO, d’autant plus que les machines sont vendues avec une version AI du Cubase de Steinberg (firme, qui, rappelons le appartient à Yamaha, on n’est jamais aussi bien servi que par soit même). Sinon, rien de bien neuf hormis une application appelée “Mobile Music Sequencer”, un séquenceur avec générateur de son pour les iTrucs de la pomme croquée.

Pas de grosses annonces chez Roland, juste quelques évolutions de produits : de nouvelles interfaces Audio Capture, clavier arrangeur BK3, piano numériques HPi-50 et RD64. La seule réelle nouveauté, c’est le V-Combo VR-09 qui combine une section piano (dont un piano multiéchantillonné), une section orgue, et une section synthé, modélisés à la sauce SuperNatural de Roland (comme l’ndique le “V”, pour “Virtual”, qui qualifie toute le gamme des machines à modalisation, que ce soit les V-Drum, les V-Piano, les V-Amplis, les V-Guitar ou les V-Accordion), 7 effets simultanés, un enregistreur de boucles intégré (avec importation / exportation au format Wav), un clavier 61 notes, quelques boutons, des “drawbars” (tirettes in french) pour la partie orgue (comme sur les Hammond) et un éditeur gratuit pour iMachins de la firme à Steve Jobs.

Akaï lance notamment le MPX8, un petit instrument tout simple, composé de 8 pads qui permettent de déclencher des échantillons importés depuis une carte SD insérée dans le lecteur prévu à cet effet à l’arrière. L’engin, dont ni le prix ni la disponibilité n’étaient annoncés, est livré avec une bibliothèque de samples et un éditeur PC/MAC qui permet  de convertir des échantillons au format Akaï et de les mettre dans le MPX8 – qui dispose d’une interface MIDI et d’une USB. Si c’est vendu à très petit prix, ça peut être une bonne affaire.

Grosse actualité chez Korg durant ce NAMM. Tout d’abord, le KingKorg (bravo pour le nom !) a été dévoilé : un joli synthé basé sur la modélisation analogique (comme le MicroKorg et autres), avec une interface utilisateur hyper simple et dépouillée. 3 oscillos, un filtre plusieurs modes, vocoder, arpégiateur, 24 voix de polyphonie, 61 notes, 300 mémoires, bref, un jolie petite machine qui a des chances de bien se vendre si elle n’est pas chère.

Autre nouveauté Korg, le WaveDrum Global Edition, une version orienté “percussions ethniques” du fameux et excellent pad de Korg, toujours basé non pas sur des samples, mais sur la modélisation physique ; 60 “modèles” (djembé, congas, tablas, udu, cajon, cloches, timbales…) sont ainsi proposés et jouables sur la surface du WaveDrum, véritable prouesse technologique… quiconque a déjà essayé a surement été bluffé par le rendu de la surface, très proche des peaux originales des tambours.

Mais THE grosse annonce chez Korg, c’est, pour les 50 ans de la marque, la réédition d’un des synthés les plus emblématiques de la marque, peut être même le plus emblématique : le MS20, qui revient, conçu par les ingénieurs de l’époque, avec les mêmes composants analogiques que la version d’origine, le même système de patch, mais avec (modernitude oblige), une entrée MIDI et une interface USB. Autre différence, le clavier est un deux octaves à petites touches (comme sur le premier MicroKorg), ce qui fait que cette nouvelle version du MS20, appelée MS 20 Mini, a des proportions réduites de 14 %. A suivre de très prêt pour entendre si la bête sonne comme l’original… et à quel prix (dans les 600 Euros d’après les premières rumeurs).

Autre vieillerie qui ressort du passé, le Stylophone de Dubreq, ce petit synthé analogique “lo-fi” contrôlé par un clavier plat (3 octaves, jouable au doigt ou avec le stylet vendu avec), revient en version S2, plus moderne, avec 2 oscillateurs doublés de sub-oscillateurs (je ne voudrais pas donner l’impression de radoter mais…), filtre 12dB/octave, un LFO a 8 formes d’ondes, entrée audio… un petit synthé de poche, assez simpliste mais très “fun” et qui, sur les quelques démos qui circulent, sonne très bien. Le tout pour la petite bagatelle de 350 Euros environ.

Côté modulaires, la firme Pittsburgh Modular Synthesizer (située à… Pittsburgh) lance de beaux instruments : les systèmes Cell[48] et Cell[90]. Le système Cell[48]  se compose de trois systèmes (appelés judicieusement System 1System 2 et System 3), utilisables indépendamment, chacun avec des fonctions différentes : le System 1 ($ 600) est un véritable synthé indépendant (et pas très cher, pour le coup), le System 2 ($ 700) est un processeur d’effets, et le System 3 ($ 800) est un synthé plus élaboré capable de générer des sons complexes. Ils sont aussi combinales en un seul système, le Complete System, pour $ 2100. Le Cell[90] se présente  quant à lui sous la forme de deux instruments au format “desktop”, eux aussi utilisables indépendamment ou combinés : le Foundation Desktop ($ 1700) , un synthé complet, et le Foundation Desktop Expander ($ 1400) qui, comme son nom l’indique, accroit les possibilités du modèle de base. Le système complet, Foundation Desktop Complete, est proposé à $ 3100. de beaux instruments, avec panel en acier brossé, flancs en bois, de des gros potards et un look qui rappelle un peu les modulaires Buchla.

En parlant de Buchla (encore une habile transition), et toujours côté vieillerie, mais du genre très, très rare, la firme américaine de Don Buchla (pour rappel, l’un des pionniers de la lutherie électronique, grand ami de feu Robert Moog) ressort le Music Easel. L’original,  qui date de 1973, était un synthé compact, entièrement modulaire, au format valise, avec un clavier plat sensitif et système de sauvegarde des paramètres sur des cartes mémoires, et le tout meilleur de la technologie Buchla. La version 2013 n’est ni plus ni moins qu’une réédition à l’identique de ce modèle mythique. Pas de date de sortie ni de prix, mais ça risque de coûter un bras. Et il n’est même pas sur qu’il y ait un sub-oscillateur. Je sais, je suis taquin…

Chaque NAMM a sa curiosité ; cette année (mais je crois que ça a déjà été présenté précédemment), c’est l’Alpha Sphere de Nu Desine, un contrôleur (donc un instrument sans son inclus dedans) qui se présente sous la forme d’une sphère parsemée de 48 pads ronds, sensibles à la pression, de trois tailles différentes, et qui permettent de déclencher … un peu tout ce qu’on veut via MIDI. Etonnant, original et surement très ludique…

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