Fin des années 80, l’échantilonnage fait l’objet d’une bataille terrible entre les constructeurs. Du côté haut de gamme, on trouve les “grands anciens”, les pionniers australiens de Fairlight, avec leur CMI et les américains de New England Digital avec leur Synclavier ; tous deux sont en perte constante de vitesse, concurrencés par les modèles “grands publics” des japonais et des américains. Si Akaï a réussi à s’imposer dans bon nombre de studios avec son S900, les américains d’E-Mu Systems (avec l’E-Max) et Ensoniq (avec le Mirage et l’Ensoniq Performance Sampler) et le japonais Roland (avec ses S50 puis S700) résistent bien. Du côté des dillettantes, on trouve Yamaha, qui se plante complètement avec le TX16W, un modèle dépassé dès sa sortie, et Greengate qui propose une solution alternatives, le DS2, une carte à installer sur un Apple II, qui ne rencontre pas beaucoup de succès.
A la fin des années 80, l’enjeu pour ces fabricants est de sortir un échantillonneur capable d’avoir une restitution sonore de qualité égale à celle du CD. Jusque là, pour des raisons techniques (cout des processeurs et de la mémoire), les constructeurs ont du limiter les capacités techniques de leurs machines (fréquences d’échantillonnage basse, codage sur 8 ou 12 bits pour prendre moins de place mémoire). Mais l’arrivée du CD, avec sa fréquence d’échantillonnage à 44100 Hk et son codage sur 16 bits donne un sacré coup de vieux aux Emulators, CMI et autres…
C’est dans le haut-de-gamme qu’apparaissent les premiers échantillonneurs dits “16 bits” : le CMI Série 3 et le Synclavier 3 sont commercialisés quasiment en même temps, mais restent destinés à des clients très, très fortunés. E-Mu Systems commercialise en 1987 le fabuleux Emulator III, une machine très versatile que son prix (135 000 Francs d’alors) réserve à une clientèle limitée (le groupe Depeche Mode s’en servira intensivement pour “Violator”).
Le premier à lancer un échantillonneur 16 bits grand public sera… Casio, avec son FZ-1 en 1987. Coutant environ 20 000 Francs d’alors, la machine rencontre peu de succès car elle est peu pratique à utiliser (un écran minuscule) et sa restitution sonore n’est pas très bonne. Cependant, elle sera adoptée notamment par Alan Parsons Project et le fameux collectif M.A.R.R.S dont le “Pump up the Volume” marquera à jamais l’histoire de la musique électronique en générale – et peut être même de la musique tout court.
En 1988, Akaï sort une version 16 bits et boostée aux emphétamines de son S900, le S1000. Proposé sous format d’expandeur (c’est à dire sans clavier), il dispose d’une mémoire allant de 2 à 32 Mo, d’un large écran permettant d’effectuer toute sortes de manipulations (boucle, découpage, mélange d’échantillons), de la fonction “time strech” (qui ne déforme pas les échantillons en fonction de la note jouée) et de fonctionnalités plus classiques (firltres, envelopppes, etc…). L’instrument est polyphonique 16 voies et dispose de 16 sorties audio séparées. Il était possible de lui brancher une disque dur et ue carte d’effets (réverb, écho…) optionnelle.
Le S1000 a été un succès énorme, et il est encore utilisé de nos jours dans bon nombre de studios et de home-studios. Le nombre de musiques sur lesquelles un S1000 a été utilisé est incalculable. Par la suite, Akaï proposera une version clavier du S1000 (le S1000 KB, un mastodonte !) puis une version uniquement destinée à jouer des échantillons (le S1000 PB, pour PlayBack).
La liste des utilisateurs du S1000 est impossible à établir. Citons néanmoins des gens comme Moby, les Chemical Brothers, FatBoy Slim, Mz Oizo, Future Sound of London, Pet Shop Boys, Vangelis, Apollo 440… et les parents de Jordy (“Dur, dur d’être bébé”, souvenez vous)
Jean-Michel Jarre a utilisé le S1000 durant le concert à la Défense (il y en avait un bon paquet sur scène, plein à craquer de sons…) et pour l’album “Chronologie”, malgré les quelques reproches qu’il faisait aux filtres de ces machines.
Article rédigé par Knarf the Dwarf.
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