Oxford Synthesizer Company OSCar (1983)

Oxford Synthesizer Company OSCar (1983)1983, année charnière dans l’histoire de la lutherie électronique. Les “grands anciens” ont disparus (ARP), quasi-disparus (EMS) ou sont exsangues (Moog). Yamaha s’apprète à lancer son DX7 qui va tout balayer sur son passage. La norme MIDI imaginée par Dave Smith pointe sa triplette de prises DIN qui va révolutionner la musique électronique (au sens large). Les synthétiseurs numériques à base de processeurs commencent à se répandre, et la polyphonie est de rigueur. Pour la analogiques monophoniques, ça sent sérieusement le sapin.

Et pourtant, une compagnie complètement inconnue va commercialiser cette année là ce qu’on considère comme le summum du synthétiseur monophonique.

Sise à Oxford, la Oxford Synthesizer Company, fondée par Chris Huggett, commercialise l’OSCar, un instrument qui détonne, à commencer par son look : avec ses contours en plastique, ses poignées en caoutchouc, ses couleurs, il semble avoir été conçu par les Monty Python. Un défunt magazine qui parlait de guitares et de claviers avait qualifié l’OSCar d’ “instrument le plus moche qui ait existé”.

Mais sous cet aspect surprenant se cache un vrai monstre. Certes, l’instrument est monophonique, et son clavier n’a que 37 notes. Ses deux oscillateurs sont numériques et proposent quatre formes d’onde de base (triangle, dent de scie, carré variable et PMW), mais ils offrent aussi la possibilité de faire… de la synthèse additive, c’est à dire de créer des formes d’onde beaucoup plus complexe. Pour ce, il suffisait de régler les volumes de 24 harmoniques différentes, lesquelles pouvaient être sélectionnées via le clavier ; simple, mais diablement efficace. L’utilisateur disposait de 24 mémoires (elles aussi accessibles en pressant les touches du clavier) pour stocker ses propres formes d’ondes. Un exemple d’ergonomie…

Une fois la forme d’onde selectionnée, on passe dans de puissants filtres analogiques : on dispose de filtres passe-bas, passe-haut et passe-bande, qui disposent de leur propre enveloppe. Les LFO disposent de 3 formes d’onde et peuvent moduler les filtres, la hauteur ou le volumer du son et la largeur du carré… On dispose même d’une fonction “sample and hold” pour augmenter les possibilités de modulation ! L’OSCar propose 12 sons d’usine et… 24 mémoires utilisateurs.

Et ce n’est pas tout ! Le petit séquenceur permet de rendre l’instrument duophonique : il contrôle l’un des deux oscillateurs, tandis que le musicien peut jouer en même temps avec le second sur le clavier. Il est possible de stocker… 24 séquences.

En 1984, les OSCar se dotent de l’interface MIDI. Le LFO est déormais synchronisable avec un séquenceur externe et les mémoires de sons utilisateurs passent à 36.

L’OSCar est un instrument magnifique. Ses possibilités de faire efficacement mais simplement de la synthèse additive et ses filtres analogiques en font un monstre de la synthèse. Hélas, il est sorti beaucoup trop tard pour avoir du succès. Sa production s’est arrêtée en 1986 et la Oxford Synthesizer Company mit la cléf sous la porte. Par la suite, Chris Huggett conçut les fameux échantillonneurs S1000 de chez Akaï puis passa chez Novation pour concevoir les synthétiseurs de la série SuperNova.

A noter que l’éditeur GMédia a publié une excellente version virtuelle de cet instrument sous le nom d’ImpOSCar, qui tourne sous PC/Mac, qui n’est pas très chère, qui fonctionne en “stand alone” ou en instrument VSTi, et qui reprend toutes les focntions de base de l’instrument… mais avec plus que 24 mémoires pour stocker les sons et séquences !

Parmis les utilisateurs connus de l’OSCar, on trouve Stevie Wonder, Ultravox, Geoff Downes (Asia), Keith Emerson et Underworld. Et bien sur, Jean-Michel Jarre, qui l’utilise sur “Revolutions”. Les observateurs les plus attentionnés auront remarqué un OSCar bien caché sur la scène de la tournée 2008 pour les 30 ans d’Oxygène…

Article rédigé par Knarf the Dwarf.

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