Oxygène 4 : histoire d’un tube

Oxygène 4 est le tube incontournable de Jean Michel Jarre, sorti en 1976. Sa mélodie a fait des milliers de fois le tour du monde. Il fait partie de tous les concerts de Jean Michel (sauf Les concerts en Chine, Lyon et IMac Night), dont il est devenu en quelque sorte l’exercice obligé. Mais il y a peut-être des choses que vous en savez pas sur ce monument qu’est Oxygène 4. Tour d’horizon.


> Le contexte d’Oxygène 4


  • D’après Jean Michel, sa mélodie a été composée en une nuit, sans avoir spécialement l’idée d’en faire un tube. De fait, aujourd’hui, faisant suite au fameux thème de Pop Corn de Gershon Kingsley, c’est devenu un standard de la musique électronique, repris par des nombreux autres artistes.
  • À cette époque des années 70, Jarre, qui triomphe avec Patrick Juvet et Christophe, effectue des musiques publicitaires diverses et variées : Nestlé, Pepsi-Cola, entre autres. Pendant les débuts de la composition d’Oxygène, un ami de Jean Michel lui demande s’il n’a pas une mélodie à lui afin de faire une musique pour vanter l’extension de l’Autoroute de l’Est (A4). C’est ainsi qu’il donne la maquette de ce qui deviendra, après ses arrangements, à terme Oxygène 4. L’idée au moment de sa composition est assez limpide : c’est de fixer l’horizon à bord de sa voiture, voir « loin devant soi ». Mais Jarre ne se doute pas que son idée de départ va séduire les annonceurs si bien que le projet passe à la radio quelques temps (quelques mois ?) avant la sortie d’Oxygène.

> Aspects instrumentaux


  • Il a été le premier morceau de Jarre à utiliser la RMI Harmonic Synthesizer (pour le solo), introduit à lui par Michel Geiss, et on y retrouve les célèbres nappes d’Eminent phasés et les sons blancs du VCS-3 qui donnent l’impression du vent tourbillonnant. C’est aussi l’un des rares hits de Jean Michel à avoir une signature en 12/8, qui contribue à en faire un titre paradoxalement plutôt lent en rapport au rock conventionnel. Pour avoir une vision plus en profondeur de la fabrication de ce morceau, rendez-vous sur son analyse musicologique

> Diffusion dans le monde


  • Au  plan mondial, le 45 tours d’Oxygène IV intègre massivement Oxygène VI (Oxygène VI Rumba, en Espagne) en face B. Il est rare de dénicher un assortiment différent, hors des CD Promos (Oxygène 4 / Oxygène 1).
  • Le titre a été popularisé par la radio, puisqu’il a été le générique de Basket, le hit parade quotidien d’Europe 1, animé par Jean-Loup Lafont en 1977. Signalons que cette station avait passé le disque en intégralité peu de temps avant. À la pochette en forme de terre peinte par Michel Granger s’ajoute un visuel en forme de basket, 45 tours promotionnel (avec la photo de l’animateur) ou sticker. Il existe pour les puristes deux versions du 45 tours, dont une avec 2 « f » a Lafond). Oxygène 4 a également servi à la télévision, notablement pour le générique du journal télévisé d’Antenne 2, présenté par Jean-Pierre Elkabbach.
  • Quand on sait qu’à l’époque n’existe que trois chaines de télévision et peu de chaines de radio (RTL et Europe 1 étant les plus importantes), on mesure bien l’impact que ces diffusions répétées (de 1977 à 1978) ont pu produire sur le public français – ce qui explique une grande partie de sa popularité alors en France (un million d’exemplaires de l’album, sorti chez Motors, vendus en quelques semaines). En 1977, Polydor rachète les droits de distribution d’Oxygène pour en faire le phénomène que l’on sait : 15 millions d’exemplaires vendus toutes éditions confondues !
  • Rappelons que les magasins d’hi-fi ont utilisé les exemplaires d’Oxygène pour faire la démonstration des capacités stéréo de leurs produits. Et bien il existe des quantités d’éditions différentes d’Oxygène IV, mais une d’entre elles est aussi rare que signifiante : il s’agit d’un disque promo pour les États-Unis, où figure sur la face A le titre en version stéréo et en face B la version… mono ! On Un argument de vente imparable ! Il existe également un 33 tours plus que rare puisque pressé a seulement 10 exemplaires de l’album – il s’agit d’un vinyle orange.

> Vidéoclips


  • Le premier vidéoclip d’Oxygène 4, mettant en scène le claviériste français se dédoublant, est conforme aux standards visuels de cette époque, c’est-à-dire d’un déluge d’effets d’incrustations. À la fin du clip d’origine, on voit même le visage de Jarre s’intégrer au crâne-planète de Michel Granger ! Cet aspect kitsch n’a pas echappé à Mickaël Youn et ses camarades du Morning live, qui, en ont fait une des victimes expiatoires de sa séquence satirique des « Tubes du grenier », au début des années 2000. 
  • Un deuxième clip est en fait une prestation de Jarre sur un plateau télé hollandais, dans le cadre de l’émission Top Pop. Au début du morceau, un grand rideau (évoquant on ne sait trop quoi) se lève sur le musicien et ses machines infernales. Parfois la musique n’est absolument pas synchronisée avec les images. Ainsi, le musicien, impassible, saute de l’ARP au RMI Synthesizer avec une désinvolture qui ravit encore les fans des années plus tard.
  •  Un troisième film, en 1989, présente des images de pingouins qui pèlerinent sur la banquise. C’est celui qui, repris sur la compilation Images, consolidera le mythe de cet hymne à l’environnement. Ce clip se conclue par la sentence finale : « Oxygène ? » qui nous invite à une prise de conscience du risque écologique de l’homme envers la nature.
  • En 2007, un nouvel enregistrement d’Oxygène remit à l’honneur les fameux mammifères : dû au changement climatique, comme il devient difficile de filmer, ils ont été recréés – je cite – « avec des effets high-tech qui ont nécessité des investissements déments et de la documentation ». Je vous laisse juge du résultat.
  • En Oxygène IV fait partie de la bande-son éclectique du jeu vidéo populaire, Grand Theft Auto IV (2008), ce qui le fait connaître à toute une nouvelle génération, avec 13 millions de jeux vendus à ce jour.

> Interprétations d’Oxygène IV


  • On considère généralement qu’il y a trois grandes versions de ce morceau mythique : la version originale de 1976, celle de 1989 (« époque du clip avec les pingouins), et enfin celle dite « version d’Aero » (2004) en 5.1, qui a précédée la version dite « Oxygène 2007 ».
  • De nombreuses moutures différentes d’Oxygène IV ont utilisées à travers les compilations et singles de Jarre. Bruitages supplémentaires, tel le « chant de baleine » de 1989, sons modifiés et version live (ma préférée étant celle de La Défense en 1990), avec ou sans batteur ou encore ligne basse différente (Aalborg 2002), etc. La liste est longue. Il existe même une version symphonique interprétée par l’orchestre philharmonique de Prague (2006).

> Hommages à Oxygène IV


 

  • Enfin, le 25 juin 1994, Michel Petrucciani joue au piano une version improvisée d’Oxygene 4, en l’honneur de Jean Michel, lors de l’émission « C’est votre vie », sur France 2. Grand amateur de jazz, Jean Michel, qui fait partie de la même maison de disques, est très touché par ce geste.
  • Les Enfoirés (à l’initiative de l’ami de Jean Michel, Pierre Palmade) ont faites une reprise a cappella du thème d’Oxygène IV.

 


> Quelques remixes


Impossible de lister ici toutes les sauces auxquelles à été accomodé Oxygène 4. Voici une sélection des remixes les plus signifiants : 

  • Oxygène 4 (vocal remix)  – Non commercialisé
  • Oxygene 4  (Trancemix remix ) – Non commercialisé
  • Oxygène 4 remix DJ Vertigo.
  • Une version rap d’Oxygène 4, intitulée Oxygène in the Ghetto, interprétée par KDD et Trigga dans le cadre de la Nuit électronique (14 juillet 1998).
  • De nombreuses interprétations existent sous la forme de 45 tours, notamment celle de Jean-claude Borrelly à la trompette, une version à la harpe laser, et une à la flute de pan. Même les Shadows et leur leader Hank Marvin n’ont pas fait qu’Equinoxe 5 et ont également interprété Oxygène 4 grâce à leurs mythiques « fender ».

> Ressources sur le web


 

 

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