Le peintre abstrait Pierre Soulages est né le 24 décembre 1919 à Rodez. C’est dans cette même ville qu’un musée lui est consacré depuis 2014. Dès l’enfance, Pierre Soulages est fasciné par l’art roman et les peintures rupestres préhistoriques de son Aveyron natal. Il entre à l’Ecole des Beaux Arts de Paris à 19 ans mais déçu par le conformisme de l’enseignement, il la quitte précipitamment et rentre à Rodez. Il revient en région parisienne après la guerre pour peindre des tableaux abstraits où le noir domine. Dès le début des années 50, ses toiles entrent dans les musées d’art moderne internationaux comme le MoMa de New York ou la Tate Gallery de Londres.
En 1979, Soulages travaille sur un tableau auquel il ajoute et retire du noir pendants des heures. Le résultat est une révélation. Ces reflets de lumières sur le noir de la peinture épaisse marquée d’entailles et de sillons, donne ce qu’il appellera “l’outre-noir”, thème qu’il va alors développer sur ses toiles. Entre 1987 et 1994, il réalise aussi des vitraux pour l’église Sainte-Foy de Conques. En 2013, il devient l’artiste français le plus cher aux enchères suite à la vente d’une toile à plus de 5 millions d’euros.
Jean-Michel Jarre a 14 ans en 1962 lorsqu’il découvre la peinture de Soulages dans une exposition au Musée d’Art Moderne de Paris. Il s’intéresse déjà à l’abstraction lyrique de Pollock ou de Hartung, mais Soulages le fascine immédiatement.
JMJ : “Je comprends grâce à lui que c’est la technique qui définit le style et non l’inverse. Ce qui vaut pour la peinture, vaut pour la musique. Je joue à cette époque dans un groupe de rock. Mais je pressens déjà que ce qui m’intéresse surtout, c’est le son comme matière, sensuelle et tactile. Et la peinture de Soulages va me pousser dans cette direction anti-naturaliste.” (Vanity Fair 07/2013)
Jean-Michel Jarre peint aussi depuis ses années de jeunesse, notamment pour subvenir aux besoins du foyer. Il évoque aussi souvent qu’il a longtemps hésité entre peinture et musique. Il rassemble les deux arts en choisissant des tableaux de Michel Granger pour illustrer les pochettes de ses disques ou en empruntant certaines oeuvres pour les projections géantes de ces concerts. D’ailleurs, il considère la musique électronique comme une expression très proche de la peinture abstraite.
JMJ : “J’ai toujours considéré la musique comme le fait de peindre des paysages sonores dans lesquels les sons seraient des couleurs. C’est d’ailleurs ce qui m’intéresse beaucoup dans les instruments électroniques qui ne sont pas du tout froids et sans âme comme on pourrait l’imaginer, mais des instruments qui ont un pouvoir d’exécution particulier, exactement comme la palette d’un peintre où vous pouvez mélanger vos propres couleurs.”
Jarre n’a rencontré Soulages qu’une seule fois, dans son atelier. Pourtant, le peintre n’a cessé de l’inspirer. Le travail sur la matière, le noir évocateur de science-fiction, le parcours de l’artiste qui se remet en question et qui progresse, voila quelques uns des traits majeurs de Soulages dans lesquels le musicien se retrouve. Il mentionne régulièrement le peintre dans ses interviews et a été invité à lui rendre hommage dans un documentaire récent de Stéphane Berthomieux pour Arte.
Site officiel : http://www.pierre-soulages.com/
::Vidéo::
Extrait du documentaire “Pierre Soulages” à voir sur Vimeo
Mis à jour le 21.04.2019
Article lu 706 fois