Revue de presse – Les concerts en Chine (1981)

Revue de presse sur Les Concerts en Chine(1) Jarre: “Mes concerts auront lieu vraisemblablement dans la deuxième quinzaine d’octobre, à Pékin et à Sanghai, probablement dans les jardins de l’Université. Quant à mes disques, ils continuent à passer régulièrement sur Radio-Pékin ou je suis programmé chaque semaine. Ce qui fait sans doute beaucoup d’auditeurs puisque environ 5OO millions de Chinois écoutent la Radio centrale.”
(2) “L’an dernier, Jean-Michel Jarre avait pris le même avion que François Mitterrand, de retour de Chine lui aussi. Trente heures de conversation à bâtons rompus et de propos en l’air avaient permis à Jean-Michel Jarre d’évoquer la grande misère des musiciens français, de détailler ses propres projets : « Deux nuits ensemble, avait dit Mitterrand, que nous pourrons chacun noter dans nos mémoires… » En attendant mieux, c’est une caution, morale, pour les concerts d’octobre.”
(3) “Alors qu’Elton John, les Rolling Stones, les Pink Floyd trépignaient de desir de donner des concerts au pays de Mao se sont cassé dix fois les dents sur une muraille de refus, Jean-Michel Jarre s’est armé d’une patience orientale pour dérocher sa lune. Durant trois ans, au cours de trois voyages. Lea Chants magnétiques, Equinoxe, Oxygène, un petit synthétiseur sous le bras, il a donné des conférences et des mini-concerts dans les universités et au conservatoire de musique de Shangaï et, miracle, il a fini par magnétiser les autorités. Elles lui ont dit oui. Alors, les publicitaires chinois ont conçu une campagne : les murs de Pékin et de Shangaï, quelques semaines avant le grand événement, se sont couverts d’affiches. On y voit Jarre, le romantique, au clavier électronique, inspiré, la Tour Eiffel flirter avec la Grande Pagode.”
(4) “J’y suis déjà allé une première fois il y a un an et demi, pour une prise de contact. Ca c’est très bien passé. J’ai même fait don d’une de mes instruments au conservatoire de Pékin, que j’avais trouvé fort démuni. C’étaient encore les retoumbées de la révolution culturelle, au cours de laquelle tous les instruments traditionnels avaient été brûlés. A l’époque de ce premier voyage, qui n’est pas si vieux, j’avais même appris qu’il n’y avait plus que deux pianos dans tout Pékin. Au cours d’un second voyage j’ai commencé à donner quelques conférences et des sortes de petits concerts improvises aux conservatoires de Pékin et de Shanghaï et dans les salles de la radio-télévision.”
(5) “En octobre prochain – cette fois c’est sûr – Jean-Michel Jarre sera le premier musicien pop à donner des concerts en Chine (deux à Shangai et deux à Pékin). Il est en ce moment à Pékin pour regler les derniers problèmes. Quatre mois de travail préparatoire avec quatre musiciens aux synthétiseurs. Mais confronter les instruments les plus vleux du monde et lea plus nouveaux me passionne. Nous alons jouer tous ensemble ! Je vais retourner en Chine pour mettre cela au point. Ce n’est pas un travail normal. Les Chinois ae Iisent pas la musique de la même façon que nous. La tessiture des instruments chinois n’est pas la même non plus. En plus, Il faut tout emporter avec nous : Jusqu’au groupe électrogène !”
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(6) Jarre: “Pour ce travail, j’ai la chance d’avoir à mes côtés Mark Fisher – concepteur de « the Wall » des Pink Floyds, réalisateur des effets spéciaux de Zardoz qui sait traiter un concert comme un spectacle, avec une forte mise en scène, et ceci en parfaite collaboration avec les Chinois. Nous ne partons d’ailleurs qu’a vingt-cinq personnes, beaucoup de réalisations se feront là-bas.”
(7) “Le synthétiseur n’a pas de musique en soi ; il ne s’emprisonne nullement dans. un système de gammes. Tout dépend des sons voulus et fabriqués par le musicien qui s’en sert. Or, précisément, cette ouverture totale dans la création sonore a toutes chances de séduire en Chine.”
(8) « La musique électronique de l’avenir arrive sur les ailes de l’aube », proclamaient les affiches. On y voyait aussi une pagode, la tour Eiffel, un synthétiseur, parfois un avion dans le soleil ou quelques fleurs de pécher. On y voyait surtout le visage de Jean-Michel Jarre ( « Oxygène », « Equinoxe », « Chants magnétiques » ), angélique à souhait, plus romantique que nature, si possible.
(9) “Réflexion de M. Li à la sortit du stade des Ouvriers : « Des ordinateurs comme ça. La Chine n’en aura pas avant dix ans et quand elle en – aura ce ne sera pas pour faire de la musique…
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(10) Donner une série de concerts de musique électronique,dans une Chine qui, dix ans durant, sous le règne culturel de Mme Mao, avait vécu au rythme lancinant des sept seuls opéras tolérés par la censure, tenait de la gageure. C’est pourtant le pari qu’a gagné fin octobre Jean-Michel Jarre avec ses lasers et ses synthétiseurs : cinq concerts, cent vingt-cinq mille spectateurs, une curiosité et un enthousiasme sans bornes.
(…) Un succès total, surtout lorsque J.-M. Jarre descendit dans la salle pour faire jouer les auditeurs. La sécurité est aIors intervenue brutalement, matraquant quelque cinquante personnes. “Vous ne devez pas recommencer”, me prévinrent les autorités. “Cette foule est Incontrôlable. Il peut y avoir des morts…” Aujourd’hui, que reste-t-il de cette « première » ? La satisfaction d’avoir laissé là-bas le premier disque de musique occidentale moderne. La satisfaction aussi d’avoir permis la construction du premier synthétiseur chinois. La satisfaction enfin d’avoir apporté à des Chinois, curieux et amicaux, quelque chose de neuf. Mais à côté de ces satisfactions, une sourde inquiétude: celle que la Chine officielle ne se referme très vite sur elle-même, comme surprise de son audace.”
(11) “L’annonce du concert avait fait sensation dans Pékin : trois jours auparavant, des spectateurs avaient fait la queue toute une nuit devant le guichet de vente des billets. Et tout ce que la capitale compte de jeunes fascinés par la musique occidentale (et ils sont nombreux) était en émoi.”
(12) “A l’entracte, les jeunes Chinois, qui composaient la majorité du public, ont déclaré ne pas comprendre la signification de cette musique, à des années-Iumière de celle dont ils ont l’habitude en Chine depuis 1949.”
(13) “1981 : sur la scène de l’immense « stade des ouvriers de Pékin, devant trente mille Chinois hypnotisés, voici Jean-Michel Jarre, ses trente-ans, son smoking blanc, son appareillage électronique, ses lasers, son extraordinaire spectacle son et lumière modèle 1981, sa fabuleuse « musique du village planétaire » . (…) Pour I’alimenter, les pékinois se sont privés de courant pendant deux Jours ! Ils ont payé leur place de 1 a 3 F (les sa]aires mensuels, en Chine, équivalent en moyenne à 180 F). Toutes catégories sociales confondues, Ies ouvriers des usines de Pékin, les employés des ministères, les soldats, garçons et filles de I’armée nationale populaire, tournent la tête en tous sens, pris de vertige par le son « quadriphonique » diffusé des quatre coins de I’immense stade. Ce soir, pour cette masse de spectateurs, pour ces millions d’hommes, I’oreille coIlée à leur transistor au fond des campagnes, ce diable de Français devient le « chamane », le «sorcier » qui les fait sortir d’eux-mêmes. (…) Deux voyages de Jean-Michel Jarre en Chine, quelques mini-concerts aux conservatoires de Pékin et de Shanghai emporterent I’adhésion des autorités, en même temps que celle des jeunes Chinois, et voilà comment a été rendu possible le surprenant concert, la plus importante manifestation culturelle venue d’Occident depuis le passage du cirque de Moscou en 1950, dit-on.”
(14) Le public était composé en partie de ceux qui viennent en famille, ayant acheté leurs billets par l’intermédiaire d’une collectivité. Mais aussi de jeunes de Shanghai qui s’étaient battus aux guichets ou avaient obtenu des tickets au marché noir (cinq à dix fois plus cher). C’est ce public-là, survolté, qui a fait le succès des concerts, provoquant deux rappels le mardi soir , se laissant difficilement canaliser par un service d’ordre affolé.
(15) Les spectateurs avaient commencé à se masser en pleine nuit devant le stade pour attendre I’ouverture des guichets à 9 h 30 du matin. Au total, quarante mille billets vendus à 1 yuan pièce (environ 3 francs sur lesquels I’artiste ne touchera aucun pourcentage. Il est I’invité du ministère de la Culture chinois qui a pris en charge tous les frais de I’équipe à partir de sa descente d’avion. Jean-Michel Jarre n’avait lésiné ni sur I’apparât ni sur I’appareillage iI a débarqué avec 12 tonnes de matériel, trente synthétiseurs, trente-cinq amplis, cent vingt haut-parleurs. des instruments hyper-sophistiqués comme la harpe aux cordes en rayons laser, une batterie électronique de 2 centimètres d’épaisseur, un écran de tulle pour des projections laser d’idéogrammes chinois, etc.
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(16) “Cette retransmission exclusive [d’Europe 1] sera commentée par Mychèle Abraham pour l’événement, et par Philippe Lefait pour la vie culturelle et sociale en Chine.
Ce concert de Jean-Michel Jarre représente pour les Chinois la plus importante manifestation culturelle venue de l’étranger.”
(17) Jeudi 22 octobre, 20 heures : les auditeurs d’Europe numéro 1 seront en direct avec Pékin, au concert que donneront Jean Michel Jarre, 3 musiciens français et 34 musiciens chinois devant 25.000 spectateurs. Ce concert représente pour les Chinois la plus importante manifestation culturelle venue de I’étranger et une rencontre entre la musique traditionnelle chinoise et les synthétiseurs.
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:: Sources ::
1) Jean-Michel Jarre, vedette du hit-parade chinois, 1 JUIN 1981 (Non sourcé) http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=629

2) Le Marco Polo du synthétiseur, 20 JUILLET 1981, Le Point http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=601

3) Jean-Michel Jarre : il donne son « oxygène » à la Chine, 1 DÉCEMBRE 1981 (Non sourcé) http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=636

4) L’automne à Pékin de Jean-Michel Jarre, 1 JANVIER 1981, Nouvelles littéraires http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=588

5) Jean-Michel Jarre « invente » des instruments pour les Chinois, 1 JANVIER 1981 (Non sourcé) http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=605

6) Jarre à nous deux la Chine, 1 JANVIER 1981, Claviers http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=584

7) Jarre : Pékin se met au diapason, 21 JUILLET 1980, Le Point http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=571

8) Jean-Michel Jarre : les sons de I’avenir, 11 OCTOBRE 1981, Le Point http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=619

9 ) Premier concert « pop » à Pékin, 1 OCTOBRE 1981, Libération http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=611

10) Jean-Michel Jarre en Chine : « Mes concerts ont plongé dans le noir tout un quartier de Shanghai ».
14 NOVEMBRE 1981, Ouest France http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=622

11) Jean-Michel Jarre, grand ordonnateur de « Nuit électrique » de Chine, 1 NOVEMBRE 1981 (Non sourcé) http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=638

12) JEAN-MICHEL JARRE EN CHINE : Le chic sans choc, 1 NOVEMBRE 1981 (Non sourcé) http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=634

13) Pour Jean-Michel Jarre, Pékin s’est privé de courant, 1 NOVEMBRE 1981 (Non sourcé) http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=631

14) Dernière rumba à Shanghai Jean-Michel Jarre vient de terminer sa tournée. Les lasers ont plus de succès que sa musique, 1 NOVEMBRE 1981 (Non sourcé) http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=626

15) 500 millions de Chinois et lui, et lui, 29 OCTOBRE 1981, VSD http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=617

16) Europe 1 en direct de Pékin avec Jean-Michel Jarre, 1 OCTOBRE 1981, Europe 1 http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=591

17) Jarre en direct de Pékin, 22 OCTOBRE 1981, France Soir http://s177414042.onlinehome.fr/ToutJarre/?p=613

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