Technos Axcel (1987)

Technos Axcel (1987)De temps à autre, il arrive qu’une société surgisse de nulle part et propose un instrument hors du commun, une machine qui ne ressemble à aucune autre et qui propose des focntionnalités inouïes. Cela a commencé par Robert Moog quand il lança ses premiers synthétiseurs dans les années 60. Puis il y eut les australiens de Fairlight, en 1979, avec le Computer Musical Instrument, le premier échantillonneur de l’histoire. Il y eut ensuite le Synclavier des américains de New England Digital, le “state-of-the-art” de l’ordinateur musical. Début des années 90, il y eut aussi le Waveframe Audioframe, un ordinateur musical très haut de gamme qui proposait des options inédites dans le traitement du son. Plus récemment, un machine comme le Neutron de l’allemand Hartmann peut être sans problème classé dans la catégorie des OMNIs (Objets Musicaux Non Identifiés). Tous ces instruments avaient la particularité d’être très innovants, très en avance sur leur temps. Ils avaient aussi la particularité de couter horriblement cher, ce qui entraîna pour certains de très faibles ventes.

En 1987, la société québecquoise Technos, totalement inconnue, commercialisa l’Axcel. S’inspirant du terme “pixel”, contraction de “picture element”, l’Axcel tire le sien de la contraction de “acoutsic element”. Cet instrument, unique en son genre, est un resynthétiseur. Pour simplifier, l’instrument permet d’échantillonner un son, analayse le son en question et le “convertit” en une série d’harmoniques (fréquences multiples), sur lesquelles l’utilisateur peut agir. C’est ce que les inventeurs de l’Axcel, Pierre Guilmette et Nil Parent, ont appelé “resynthèse”. Il s’agit en quelque sorte de faire de la synthèse additive sur des échantillons sonores. Des machines comme le Fairlight ou le Synclavier (et plus tard l’Audioframe) pouvaient faire ce genre d’opérations, mais jamais cela ne fut si poussé que sur l’Axcel, car c’était un instrument entièrement dédié à la resynthèse.

L’Axcel se présente en deux parties : le “Solitary”, le coeur du système, et le “Grapher”, l’interface utilisateur. Cette dernière était constituée d’un ensemble de 2114 petites LEDs qu’il était possible de toucher du doigt (surface sensible).

L’engin utilisait un système d’analyse FFT (“Fast Fourier Transform”, du nom de Joseph Fourier, un physicien qui mit au point un système de modélisation mathématique de certaines lois physiques en…1822 !) pour “transfomer” le son échantillonné en 1024 formes d’ondes sinusoidales de base, à des fréquences différentes. Grace au “Grapher”, l’utilisateur peut intervenir sur la hauteur et le volume de chacune de ces harmoniques, ses paramètres étant affichés sur le “Grapher” (une colonne = une harmonique). Il était possible aussi de partir de “scratch” (c’est à dire de rien) et de dessiner un son, pour voir (et entendre) le résultat. Ca n’était pas une nouveauté en soi, car le Fairlight le permettait déjà en 1979, avec le crayon optique. Mais sur l’Axcel, le principe était posusé très loin, car on pouvait aussi dessiner les enveloppes de chacune de ces hamorniques, faire de la synthèse FM très poussée et passer le tout dans des filtres puissants.

L’Axcel n’était en fait pas le coup d’essai de Technos. Ils avaient déjà conçu un instrument similaire en 1984, le 16pi, un clavier énorme qui était déjà doté du “Grapher”. Mais le 16pi n’avait jamais été commercialisé et fabriqué à seulement 4 exemplaires.

L’Axcel ne connut pas un succès foudroyant, loin s’en faut. Il était cher, complexe… et pas mal “buggé”. Il s’en vendit 35 entre 1987 et 1990.

L’un de ses heureux acquéreur fut Jean-Michel Jarre. Il en posséda un quelques temps, comme l’annoncçait feu le magazine “Claviers Magazine” en 1989 dans un test de l’Axcel. Mais dans un numéro de l’excellent (mais je crois aussi défunt) magazine “Crystal Lake” (qui était consacré aux musiques électroniques au sens large), il était annoncé qu’il avait renoncé à l’utiliser, du fait de la présence de gros bugs dans la système…

Article rédigé par Knarf the Dwarf.

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