La société suédoise Clavia Digital Musical Instruments, fondée par Hans Nordelius et Mikael Carlsson, s’est d’abord fait connaître dans les années 80 avec des batteries électroniques haut-de-gamme, les célèbres dDrum (notamment utilisée par Laurent Faucheux lors de la tournée “Europe En Concert“), composées d’un module générateur de sons (facilement reconnaissable à leur couleur rouge) et des “pads” de grande qualité permettant une grande précision de jeu.
En 1995, elle lance son premier synthétiseur, le Nord Lead, un instrument dit “à modélisation”. Il ne s’agit pas là de travailler sur des échantillons, mais des modèles mathématiques : de fait, à chaque fois que le musicien joue une note, le son est recalculé en fonction d’un certain nombre de paramètres. Le premier instrument a avoir fonctionné ainsi fut le magnifique Yamaha VL1 (1989), qui contenait tout un tas de “modèles mathématiques” d’instruments à vent visant à en reproduire les sons de manière la plus fidèle et la plus vivante possible (contrairement aux échantillons qui sont figés, statiques), tout en autorisant la création sonore en manipulant des paramètres très originaux (matière, longueur, diamètre, etc…). Le VL1 permettait de “simuler” une trompette en bois, une timbale à géométrie variable ou une clarinette de 10 mètres de long.
Le Nord Lead, lui aussi tout rouge, permettait de simuler le fonctionnement de synthétiseurs analogiques (style Minimoog, Prophet 5 et tutti quanti), en proposant une ergonomie inspirée de ces grands anciens : un paramètre = un bouton. C’était le grand retour de la “bidouille” des sons – une vague relancée par le JD800 de Roland.
Deux ans plus tard, Clavia lance le Nord Lead 2, une version améliorée du Nord Lead. Le ND2 est doté d’un clavier de 49 touches (4 octaves de Do à Do), polyphonique 16 voies. Chaque voie dispose de deux oscillateurs générant 5 ondes possibles (sinusoidale, triangle, dent de scie, carré et bruit), 2 LFO à trois ondes (triangle, dent de scie, aléatoire) permettant de moduler les oscillateurs et les filtres et disposant de leurs propre enveloppe. On disposait d’un modulateur en anneau Il y avait un filtre passe bas -12db, et un filtre -24db qu’on pouvait parémétrer comme passe-bas, passe haut ou passe-bande. 59 sons d’usine étaient disponibles, 40 mémoires de sons, 99 mémoires de combinaisons de sons, et 10 kits de percussions (programme spécial pour lesquels chaque note a un son différent ; pratique pour jouer de la batterie, des percus…)
La série des Nord Lead (qui fut complétée plus tard par le Nord Lead 3, le Nord Lead 2X, le Nord Wave et les fabuleux Nord Modular, des modulaires virtuels…) est une très bonne génération d’instruments, capables de toutes sortes de sons très fins, nerveux, punchy. Ils ont connu – et connaissent toujours – un grand succès. Les petits claviers rouges sont devenus classiques !
Jean Michel Jarre s’est vu remettre le premier modèle du Nord Lead 2 par Hans Nordelius à l’issue du concert donné à Stockholm lors de la tournée qui a suivi “Oxygène 7-13”. Il utilise régulièrement les Nord Lead sur scène et en concert depuis ce disque.
Article rédigé par Knarf the Dwarf.
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