Hommage à Dominique Perrier

Le claviériste Dominique Perrier, né le 16 févier 1948 à Champillon dans la Marne, nous a quitté des suites d’une longue maladie, le 4 octobre 2023 à Rambouillet. Tous les fans de Jean-Michel Jarre lui vouaient une grande admiration pour ses qualités musicales mais aussi humaines. Son humilité n’avait d’égal que sa dextérité derrière les claviers. L’un de ses instruments de prédilection était l’Arp Odyssey (qui était très présent sur les différents disques de son groupe en duo “Space Art”) et il avait la même attitude détachée quelque soit le clavier (piano ou clavier électronique) et il avait participé aux albums et aux projets de nombreux artistes français (voir l’hommage de Michel Geiss ci-dessous) ainsi que contribué à plusieurs projets prog-rock; comme le groupe Bahamas, en 1976, avec le guitariste Patrice Tison, le bassiste Didier Batard et Roger “Bunny” Rizztelli à la batterie, tous issus du groupe de Christophe travaillant aux studios Ferber et en concert.

L’hommage de Michel Geiss :

Dominique Perrier nous a quittés aujourd’hui. J’avais l’espoir de le revoir cette semaine. Dominique était devenu un ami, surtout depuis mon travail avec lui sur ses albums. Sa confiance en moi m’avait touché, de même que ses appréciations sur mes mixages et masterings tout récemment. J’avoue que j’étais fier de travailler avec quelqu’un qui représentait beaucoup pour moi, depuis Space Art dont il était fondateur (avec Roger Rizzitelli), et son Onyx. Et encore en juin, il me disait que le prochain album était prêt. Dominique était une personne simple et d’une grande douceur. Il cachait son talent derrière sa simplicité. D’ailleurs il aimait qu’on l’appelle Mino ou Domino, même pas Dominique. Jamais de mauvaise humeur, toujours positif et souriant, débonnaire. Pourtant, l’une des épreuves de sa vie qui l’avait beaucoup affecté a été la disparition de sa compagne Janet Woollacott en 2011.Une grande gentillesse se dégageait de ses commentaires sur ses collaborations avec Jean-Michel Jarre qu’il avait rencontré en 1973 aux Studios Ferber où il passait des nuits à travailler avec Christophe sur les “Les Paradis Perdus”, en compagnie de Francis Dreyfus. Une collaboration avec Jean-Michel qui s’est prolongée plus tard, à partir des “Chants Magnétiques“, sur scène jusqu’au concert de Moscou en 1997 et en studio pour “Oxygène Live in a living room“. Il voyait toutes ces années de travail en commun avec un certain détachement, mais visiblement il gardait un très bon souvenir de cette immense partie de sa vie.
D’ailleurs lors de ma dernière visite à son chevet, quand l’infirmière lui avait apporté son traitement dans sa chambre, j’avais avec moi tous vos témoignages imprimés. Je lui ai expliqué que Dominique était un musicien connu par beaucoup de personnes, soit personnellement, soi au travers de sa musique, et qui m’avaient envoyé ces témoignages de soutien.
Je me souviens aussi de son humour. Il y a quelques semaines, je l’ai fait rire en lui rappelant qu’il avait donné le nom de “pizzeria” au décor volontairement kitch de la scène des concerts en Chine,
On se souviendra de son talent de soliste quand il se lançait dans ses chorus mémorables avec son Moog Liberation. Ils font partie de la carrière de Jean-Michel Jarre qui lui avait attribué ce rôle de soliste. Mais ce n’était qu’un partie de son talent de musicien qui l’avait conduit à travailler en tant qu’arrangeur et claviériste de studio avec, entre autres, Michel Fugain, Alain Bashung, Il était une fois, F. R. David, les Gipsy Kings, Louis Chedid et Gilbert Bécaud. L’un de ses instruments préférés était l’ARP Odyssey. Mais il aimait le piano par-dessus tout.
Et Dominique avait aussi été cofondateur du groupe Stone Age d’esprit celtique.
J’ai aussi une pensée pour ses proches, en particulier ceux qui s’occupaient de lui tous les jours depuis quelque temps (merci Marine Et Annick !).
Avec le départ de notre Mino, devenu une légende au long des années, c’est une partie de notre histoire de la musique électronique qui disparaît. Et pour moi c’est ami qui me quitte beaucoup trop tôt.
Il me manque déjà. A bien d’autres que moi aussi, j’en suis sûr.
(Source : Facebook)

Dans sa panoplie de musicien complet, il a également participé à plusieurs musiques de films, comme arrangeur ou claviériste, aux côtés de ses comparses Eric Demarsan et François Bernheim ou encore un album et de la musique de scène pour Annie Girardot au début des années 80.

Il avait commencé à travailler avec Jean-Michel Jarre, alors parolier, en 1973, au sein du studio Ferber à Paris, alors qu’il travaillait sur Les paradis perdus. Cette collaboration s’est poursuivi sur les albums studio et live (8 en tout, jusqu’en 1994).

Il a été parmi les piliers de la Jarre team durant les tournées de Jean-Michel Jarre, de celle en Chine en 1981 aux côtés de son complice Roger “Bunny” Rizzitelli et Frédérick Rousseau à celle de 2010 avec Francis Rimbert et Claude Samard. Il est sorti de l’orbite de Jarre, après y être rentrés après 10 ans d’absence, pour cause de projets personnels au sein de son groupe Space Art et aussi à cause de la maladie de son épouse, Janet Woollacott, décédée le 11 novembre 2011.

De Jean-Michel Jarre, il appréciait le côté spontané lors des séances côte à côté dans le studio. Il disait du lyonnais dans un numéro spécial de Claviers magazine de janvier 1990: Maurice jarre fait de la musique de films, son fils fait à la fois les films et la musique”

On lui doit d’innombrables solos mémorables, dont on peut citer, sans ordre de préférence, sur l’album Rendez-vous, tout le long de la suite Révolution industrielle, sur Calypso 3 (Fin de siècle) ou encore sur Chronologie 4. Ces solos sont souvent le fruit d’un remontage de plusieurs pistes différentes, que Jean-Michel avait lui même remonté, si bien qu’il ne les reconnaissait pas lui-même. Il y a également eu les solos très inspirés en live sur les Chants magnétiques 2 ou encore sur Souvenir de Chine ou la démonstration technique le disputait à la pureté mélodique…

Dominique Perrier, en véritable poète de la musique électronique, marque à jamais la scène française et on ne lui connaissait aucune inimitié. Il a appliqué la devise “Jouer électrique, sonner acoustique”: “On me branche un synthé et puis je joue”.

Adieu l’artiste, ta musique merveilleuse sur Space Art, avec Stone Age, Didier Marouani ou Jean-Michel Jarre te survivra, pour sûr !

L’hommage de Jean-Michel Jarre :

“Mon frère d’arme, Domino, est parti, mais seulement un peu plus loin. Il continuera ainsi de déambuler dans les nuages: son territoire de prédilection. Dandy des claviers, génie de l’impro, fidèle compagnon d’innombrables errances nocturnes en studio, complice irremplaçable à mes côtés sur les scènes du monde, survolant moog et mellotron avec humour et élégance, Dominique Perrier demeure car les poètes ne meurent jamais.”
(Source : Facebook)

L’hommage de Francis Rimbert*:

“Triste nouvelle notre compagnon de tant de routes de tant de séances de studio de tant de fou rires est parti rejoindre le paradis des grands artistes: Dominique Perrier nous a quitté !…. Je ne peux écrire plus ici ….”
(Source : Facebook)

L’hommage de Tommy Rizzitelli (fils de Roger*):

“Perrier… Tu étais l’ami très cher de Bunny, vous aviez fait ensemble des merveilles avec Space Art, accompagné Christophe comme des rois, voyagé avec Jean Michel Jarre et bien d’autres aventures. Tu es aussi devenu mon ami après le départ de mon papa, avec ton invitation en 2013 nous avions reformé Space Art ensemble, nous avons tellement rit toutes ces fois chez toi, tu m’as ouvert au monde des synthés et de la composition, tu m’as permis de mieux comprendre mon papa, connaitre vos histoires absolument uniques et fabuleuses et tu m’as aidé à faire mon deuil avec cet hommage en reformant ensemble votre groupe qui lui était si cher, comme avant aux studios Ferber, en duo Perrier-Rizzitelli. J’ai grandit en écoutant ce que vous aviez composé et joué, j’étais fasciné tout petit par le son de Space Art, alors, merci pour la musique et ces moments qui font celui que je suis aujourd’hui… et je le savais mais, tu vas me manquer très fort, personne n’a ton talent ton humour ta coolerie et tes lumières. Quelle vie tu as eu, éclate toi là haut comme tu le faisais si bien ici bas, belles retrouvailles avec ta Janette, Bunny, Tison, Christophe, René Ameline, Dreyfus…”
(Source : Facebook)

L’hommage de Patrick Rondat*:

“Je viens d apprendre le décès de Dominique Perrier immense musicien avec un humour incroyable. Nous avons partagé la scène avec Jean Michel jarre notamment Europe en concert et lui bien plus que moi à participé à l aventure JMJ à travers le monde… il m’a aussi invité sur plusieurs de ses projets. C est une bien triste nouvelle… Tout mon soutien à ses proches et ses amis.”
(Source : Facebook)

L’hommage de Julie Lecrenais*:

“Je viens juste d’apprendre le décès de Dominique Perrier et c’est avec émotion que je repense à mes débuts, sa bienveillance et celle de son épouse lors de la tournée Europe en concert de JMJ. J’ai souvenir d’une personne douce, pleine d’humour et adorable avec les gens qu’il côtoyait. Il y a quelques mois, un autre de mes compagnons de concert celtique disparaissait, cela laisse un sentiment étrange. Sur scène, les liens se tissent différemment encore. Cela transmets une autre émotion. Et les souvenirs sont traduits par une dimension si unique de part le partage musical… Toutes mes pensées vont à ses proches. Et je remercie la vie d’avoir eu le privilège de croiser sa route. Avec une pensée pour Michel Geiss qui nous avait gentiment alerté de son état de santé.”
(Source : Facebook)

L’hommage de Christian Bourret*:

“Dominique, quel malheur, un claviériste fantastique, inventif, créatif. Je l’avais découvert en réalisant le show de JM Jarre à Houston en 1986 et tout de suite j’ai été frappé par son charisme et sa personnalité. C’était vraiment un musicien à part, un talent. Le trio, Perrier, Rimbert et Jarre c’était vraiment le top. Mes sincères condoléances à la famille de Dominique et à ses proches. Domino, je te salue.”
(Source : Facebook)