Interview à XPeria Q Innovation magazine

Jean Michel Jarre a donné une interview en marge de la cérémonie des XPeria Q Innovation awards à Londres qui fêtaient cette année ses 25 ans.

Vous le connaissez peut-être au travers d’albums comme Equinoxe, Zoolook ou Destination Docklands, et à 66 ans le pionnier de la musique électronique Jean Michel Jarre est en tous points une superstar. Il a vendu 80 millions d’albums depuis son album-évènement Oxygène, a été la première personne à jouer devant un million de personnes, détient le record du plus grand public jamais assemblé (3,5 millions de personnes à Moscou en 1997), et dans une salle pleine de célébrités, Johnny Marr ou Matt Berry se bousculent pour serrer sa main après qu’il eut accepté son award de main du membre de Basement Jaxx, Felix Buxton…


Q Awards Magazine : Vous êtes souvent oublié quand les gens citent les pionniers de la musique électronique…
Jean Michel Jarre : Je suppose que oui. J’ai toujours pensé que l’Europe avait à proposer quelque chose de différent de la vision américaine du rock, de la pop et du jazz. Grâce à la musique électronique, nous exprimons nos racines européennes, qui viennent de la musique classique, s’échappant du format des chansons de trois minutes. Ces jours-ci, quelque soit le genre que vous jouez, c’est entièrement électronique du fait de la technologie.
 
QAM : Quand Oxygène est sorti, qui étaient vos contemporains ?
JMJ : A cette époque je n’avais que très peu de références. Je n’avais aucun contact par exemple avec Kraftwerk ou Tangerine Dream. La première fois que j’ai entendu Kraftwerk était plus ou moins à l’époque où Oxygène est sorti et j’ai pensé à l’époque qu’ils étaient américains. Des américains qui chantent en Allemand avec un vocodeur ! Comme c’était cool! Cela montre bien combien nous étions isolés en ces temps-là, combien la musique électronique était à la marge. J’étais plus influencé par le cinéma, la science-fiction, Doctor Who, les vieux films de Fellini, ce genre de choses.

QAM : Est-ce que vous passez la tête au travers du rideau avant l’un de vos gigantesques shows et pensez “Merde?”.
JMJ : Tout à fait. Mon premier grand show fut en 1979, j’ai pensé que c’était un projet underground et je n’avais aucune idée du nombre de personnes qui viendraient. A 18 heures, je suis allé avec mon manager sur scène pour voir et j’ai été terrorisé. Cela m’a pris un an à peu près pur l’en remettre. Mais je ne suis qu’un élément du show, d’une certaine manière je me cache derrière beaucoup de choses différentes. Vous êtes une rock star, un musicien, mais vous êtes aussi un réalisateur de film qui met en scène un spectacle.

QAM : Avez-vous d’autres projets pour des shows encore plus grands?
JMJ : Oui, j’ai passé les trois dernières années à travailler un nouveau projet musical et, espérons-le, nous allons le finir, et bien, ces temps-ci. Cela sera publié l’année prochaine [NDLR, en 2015], puis ensuite une tournée mondiale aura lieu cet été-là et beaucoup de festivals. Cela a pris beaucoup de temps parce que c’est un projet très spécial, mais j’aurai plus à en dire la prochaine fois qu’on se verra.

QAM : Quelle est la meilleure chose que vous ayez écouté cette année ?
JMJ : Fuck Buttons. Ils ont un son unique et reconnaissable entre tous, et j’aime cela concernant un musicien. Vous entendez 30 secondes de Fuck Buttons et vous savez tout de suite que c’est eux. Ils ont une façon très particulière de créer un brouillard de fréquences, qui sont comme des vapeurs de sons et je les adorent. Et j’aime aussi l’idée qu’ils tournent avec un des plus gros sons, véritablement massif, voyageant avec des mini-synthés que vous pouvez transporter dans des valises. Je suis si jaloux. La dernière fois que j’ai effectuée une tournée, j’avais 10 ou 12 semi-remorques. J’en suis à imaginer changer cela et économiser sur les frais de transport !

Traduit de l’anglais par Jeanbatman

Article lu 506 fois