Le clavier portable Lag “Insecte” (1988-1990)

Le deuxième clavier portable réalisé en un temps record par Lag pour les concerts des Docklands est probablement le plus célèbre à cause de son look extraordinaire, “comme arraché à un vieux vaisseau spatial qui aurait beaucoup tourné” : “L’insecte”.

L’idée de départ est de créer un clavier qui ne ressemble pas à un instrument traditionnel, mais qui privilégierait le côté visuel par son apparence bio-mécanique (inspirée du film “Bladerunner” et des dessins d’Enki Bilal), et par la gestuelle qu’il induirait. C’est aussi le résultat d’une réflexion sur le développement de nouvelles interfaces qui se dispenseraient du traditionnel clavier à touches.
Le LAG "Insecte" (1988-90)

JMJ : “L’autre (clavier portable), plus délirant, baptisé “l’insecte”, a des touches blanches en sorte de mousse et des touches noires en cuir, ainsi que deux manches faits à partir de leviers de changement de vitesse de 203 Peugeot. J’ai voulu un instrument hybride à la “Blade Runner”, qui aurait bourlingué et serait usé mais dans lequel se trouveraient toutes les possibilités les plus sophistiquées.”

Clavier droit à 2,5 octaves (17 touches blanches, 12 touches noires), “L’Insecte” a la particularité d’être équipé d’un micro Shure bricolé, ce qui fera de ce clavier l’instrument indissociable du morceau “Révolutions” qui a recours au “vocoder”. Ce clavier refera d’ailleurs sa réapparition au concert de La Défense pour ce seul titre. A noter qu’à partir du concert de la Tour Eiffel en 1995, le musicien utilisera un mégaphone pour la partie vocale de cette “chanson”.

La carcasse de l’Insecte est en bois peint “façon SF”. Elle est gainée de cuir vieilli (matière animale pour le moins inhabituelle mais choisie pour le concept) tout comme les touches noires (probablement inertes) en bois dont la forme rappelle des griffes. Les touches blanches sont faites d’une mousse synthétique spéciale qui s’appuie sur deux circuits imprimés en peigne entrecroisés. La pression exercée sur la mousse fait décroître sa résistance électrique et les notes sont déclenchées. A noter que cette technologie, provenant d’une entreprise de mesure en podologie (sic !), ne permet pas la vélocité des touches. L’instrument, particulièrement sensible à l’humidité, connaîtra de durs moments pendant les concerts apocalyptiques des Docklands.

Le levier inférieur tient lieu de pitch bend (modulation de la hauteur de la note). L’instrument est aussi muni d’un afficheur LED permettant de sélectionner les sons du program change que l’on fait défiler à l’aide du levier supérieur, et un indicateur LCD du Time code Otari désossé et réintégré. Enfin, il dispose d’un sélecteur de 16 canaux MIDI et d’un inter-bascule micro vocoder/communication régie. On notera que les nombreux câbles (audio, Time code, MIDI, alimentation) empêchent le musicien de courir dans tous les sens ; pour le concert de La Défense, l’Insecte sera donc équipé d’un système sans fil.

:: Concerts et performances ::
Docklands (1988), La Défense (1990).

:: Titres joués ::
Révolution industrielle (ouverture), Révolutions…

Pour en savoir plus, lisez l’article détaillé sur les claviers portables de l’Aerozone-mag.

Article rédigé par Jérôme avec Knarf the Dwarf.

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