Tout le monde connaît le compositeur, le musicien ou le concepteur de méga concerts, peu connaissent Jean-Michel Jarre le parolier. C’était à une époque, fin des années 60, début des années 70, entre le GRM de Pierre Schaeffer et les débuts du label Motors de Francis Dreyfus, où le jeune homme cherche encore sa voie artistique entre peinture, écriture et musique. “Les mots bleus” de Christophe, “Où sont les femmes ?” de Juvet, c’est lui ! Deux chansons encore aujourd’hui indissociables de leurs chanteurs et qui ont été un tournant dans la carrière des concernés… Jarre aurait donc pu être un très grand parolier, et un très grand producteur. Le choix quasi définitif de la composition se fera un peu par hasard, et de son propre aveu, quand son opéra électronique “Oxygène” rencontrera le public… Nous proposons donc de vous faire (re)découvrir comment Jarre a collaboré avec les quatre grands noms de la variété française que sont Christophe, Patrick Juvet, Gérard Lenorman et Françoise Hardy.
:: Christophe ::
Après son phénoménal succès “Aline” en 1965, Christophe aligne quelques autres tubes puis quitte les hits parades. En 1967, il compose une partie de la bande originale du film “La route de Salina” de Georges Lautner. Le jeune éditeur Francis Dreyfus, qui s’est spécialisé dans les musiques de films (“Le passager de la pluie” de Francis Lai, “Soleil Rouge” de Maurice Jarre, etc.), le signe. L’album de “La route de Salina” sera l’un des premiers qui sortiront sur son jeune label Disques Motors, fondé en 1970.
Dreyfus fait alors le pari d’un retour de flamme pour Christophe et devient son producteur. Un premier album (sans titre) sort en 1971 dont quelques extraits rencontrent un certains succès (“Main dans la main”, “Mes passagères”, etc.). C’est alors que Hélène Dreyfus a l’idée incongrue de souffler à son producteur de mari le nom du jeune compositeur qui fait partie de la maison Motors depuis un an ou deux : Jean-Michel Jarre.
En 1973, les trois hommes se mettent au travail et construisent dans l’obscurité du studio Ferber un album très conceptuel, dans la lignée de ceux des Gainsbourg et autres Polnareff, hors du schéma habituel, avec des morceaux très longs ou très courts : “Les paradis perdus“. Six des huit chansons de l’album ont été écrites par Jarre. Le disque remporte un grand succès public et critique.
Début 1974, deux 45T sont extraits de l’album : “Les paradis perdus / Mama” et “Mickey / Emporte-moi”. Emporté justement par son élan, le trio sort la même année un autre 45T hors album : “L’amour, toujours l’amour / La bête”. Très vite, les six mains peaufinent un nouvel album dans la lignée du précédent. Jarre écrit six nouveaux textes sur les huit chansons de l’album “Les mots bleus“ qui enfonce le clou : nouveau succès retentissant soutenu par la sortie de deux 45T : “Señorita / Le temps de vivre” (ce 2e titre étant extrait des “Paradis perdus”) et “Les mots bleus / Le dernier des Bevilacqua”.
A noter que parmi les musiciens de Christophe, figurent le claviériste Dominique Perrier et le batteur Roger Rizzitelli, que Jarre entrainera avec lui en Chine quelques années plus tard.
(Ci-dessus) Le texte original des Mots bleus de la main de Jarre
C’est logiquement que Christophe va jouer ces deux albums sur scène lors de deux concerts mythiques à l’Olympia les 26 et 27 Novembre 1974. Dix des chansons jouées sont signées Jarre. Le peintre-musicien-parolier Jarre va aussi ajouter une corde à son arc en devenant metteur en scène à cette occasion. C’est lui qui a l’idée du fameux piano blanc volant grâce à la technique du magicien Dominique Webb avec lequel Jarre a déjà collaboré. Tout ce travail de Jarre sur la carrière de Christophe ne sera pas reconnu, c’est pourquoi il se rapprochera d’un autre interprète pour donner libre cours à sa créativité : Patrick Juvet.
“Il y avait un trop grand déséquilibre entre tout ce que j’apportais à Christophe et la façon dont j’étais crédité. Du coup, je suis parti aux Etats Unis avec Juvet.” (Technikart 138 12/2009)
“Le petit gars”, un autre extrait de l’album “Les mots bleus”, sera la face B du single “Petite fille du soleil” (écrit par Barbelivien) dans les bacs de 1975.
L’année suivante, Jarre, de retour de Los Angeles avec Juvet, reprend sa plume pour Christophe le temps d’un 45T (“Daisy / Macadam”), avant de s’enfermer dans son petit studio personnel pour composer “Oxygène”. En 1977, alors qu’“Oxygène” commence à prendre son envol dans les charts européens, Jarre trouve le temps d’écrire une ultime chanson pour Christophe : “La dolce vita“. Encore un tube et un classique repris de nombreuses fois depuis ! Les anciens titres “Daisy”, “Macadam”, “La bête”, “Le dernier des Bevilacqua”, viennent à la rescousse pour boucler un troisième album commun portant le nom du titre phare.
Avant le “come-back” de Christophe en 2002, les chansons écrites par Jarre ont continué à passer en radio et à entretenir la légende. Bashung, qui fut aussi l’un des poulains de Dreyfus à ses débuts, reprendra “Les mots bleus” pour l’album caritatif “Urgence” et donnera là une version qui fera date. Charlotte Rampling, alors épouse de Jarre, lui fera la surprise de chanter ce même titre lors d’une émission TV dans les années 90.
“Je crois qu’avec Christophe, à l’époque, on a démarré un truc important : les concepts-albums, le rapport chanteur/producteur, des nouveaux sons, un type de variété-rock qui jusqu’à une période récente était resté sans équivalent. On a été des pionniers. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec lui. Malgré ses erreurs, Christophe est une personnalité de premier plan. Un peu en marge du rock, c’est un grand chanteur de rock.”(Rock and folk, 04.1985)
“Quand je l’ai rencontré, il était vraiment un chanteur variété, il sortait d’Aline, et moi j’ai senti cette espèce de dimension tragique de clown, à la limite du ringard et du sublime, il flotte toujours entre les deux. D’ailleurs j’aimerais beaucoup retravailler avec lui.” (Le journal du dimanche, 17.03.2010)
“On a réalisé deux disques ensemble, Les Paradis perdus et Les Mots bleus… Des albums pop mais dont la sophistication était égale à ce qui se faisait en Angleterre à ce moment-là. C’était pour moi une sorte d’expérimentation pop, et j’ai appris à utiliser des studios d’une manière un peu différente. D’un seul coup, travailler ainsi dans le milieu de studios français m’a permis de me frotter à une technologie entièrement différente de celle du GRM. Mais Christophe a toujours été un personnage un peu hors norme, formellement beaucoup plus ambitieux que la plupart des autres chanteurs de l’Hexagone. C’est vrai, il a toujours eu une mentalité un peu expérimentale. Il n’y a pas de hasards. On rencontre souvent des personnes qui, même si elles viennent de planètes différentes, font partie de la même famille.” (Global Tekno 1.1, 1999)
Malgré le souhait du compositeur, Jarre n’avait pas collaboré de nouveau avec Christophe depuis 1977. Ils se retrouveront cependant sur la même scène du théâtre Marigny en novembre 2010, pour y recevoir une récompense de la Sacem, chacun dans leur domaine. En 2015, on apprend que Christophe apparaitra sur le deuxième volet d’Electronica et que Jarre travaille à l’écriture de certaines chansons du nouvel album de Christophe. Finalement, il ne lui écrira qu’un seul titre, “Les vestiges du chaos“, qui donnera son titre à l’album qui sort en avril 2016.
:: Patrick Juvet ::
La première collaboration entre Patrick Juvet et Jean-Michel Jarre date de 1973. Le chanteur suisse est alors au tout début de sa carrière. Il vient d’avoir un grand succès avec “La musica”. Mais vite catégorisé “chanteur à minettes”, il décide de casser cette image trop lisse en faisant la musique qu’il aime et en adoptant un look et un style glam rock à la David Bowie. Jarre, qui vient de collaborer avec le groupe Blue Vamp de la même mouvance, et qui commence à se faire un nom comme parolier, est le candidat idéal pour participer à la métamorphose. C’est Florence Aboulker, assistante artistique de Juvet, qui présente les deux hommes.
Juvet : “Un soir elle me parla d’un garçon qui commençait à se faire un nom sur la scène musicale française et qui écrivait de très beaux textes : Jean-Michel Jarre. Elle le contacta et il vint à la maison avec une pile de chansons. En partant il m’en avait laissé quelques unes.(…) Florence connaissait Jean-Michel de longue date et, même s’il n’était pas encore très connu, elle le jugeait bourré de talent.(…) Nous nous comprenions parfaitement sur le plan professionnel. Désireux de commencer à brouiller les pistes, il était le partenaire idéal pour entreprendre et réussir cette démarche.” (Les bleus au cœur, 2005)
C’est ainsi que Juvet, contrairement à ses habitudes de travail, commence à composer des mélodies sur des textes existants. Naissent quatre titres qui seront réunis sur l’album “Love” : “Au jardin d’Alice”, “Love”, “Quand vient la nuit”, “Unisex”. Trois d’entre eux sortiront sur deux 45T : “Toujours du cinéma / Au jardin d’Alice” et “Love / Unisex”. Sur la pochette de l’album, Juvet, outrageusement maquillé, déroute et marque sa différence.
Les quatre titres de Jarre seront joués à l’Olympia la même année. L’album live “Patrick Juvet vous raconte son rêve – Olympia 73” sort en 1974. Jean-Michel Jarre écrit alors le texte d’une autre chanson, “Magic“, première face d’un nouveau 45T qui sort l’année suivante. Fin 1975, Jarre reprend contact avec Juvet par l’intermédiaire de son épouse d’alors, qui est attachée de presse.
Juvet : “Désireux de retravailler avec moi, Jean-Michel fit un grand numéro de charme pour me convaincre. Il est vrai que, talent insensé, il pourrait faire la cour à un régiment entier. Il avait pertinemment compris que pour travailler avec moi,(…) il convenait de m’écouter, de suivre mes idées, et de ne pas me braquer.(…) Jean-Michel Jarre a tout de suite pigé ce mode d’emploi.(…) Bourré d’ambition, ayant réussi deux albums avec Christophe mais pas encore à faire décoller sa propre carrière, il voulait que les portes s’ouvrent grand devant lui.” (Les bleus au cœur, 2005)
Juvet se laisse donc convaincre pour une nouvelle collaboration et accepte le rythme de travail quotidien que Jarre lui impose dans son appartement où trône déjà un petit studio et des synthétiseurs. Il travaille les arrangements, trouve de nouveaux sons et écrits tous les textes. Il réussit ensuite le tour de force de convaincre Eddie Barclay, patron de la maison disques de Juvet, qu’ils aillent enregistrer à Los Angeles avec les grandes pointures de la musique américaine de l’époque. Ils passent trois mois dans le studio Wally Heider de Los Angeles avec, entre autres, le guitariste Ray Parker (qui signera la chanson de “Ghostbusters”). Jarre supervise le mixage à Paris. L’album “Mort ou vif“ sort au printemps 1976. Le single “Faut pas rêver / L’enfant aux cheveux blancs” en est extrait.
(Ci-dessus) Juvet et Jarre à Los Angeles
Fort du succès public et critique engendré, Jarre pousse Juvet à se remettre au travail tout de suite. Suite au départ de Polnareff aux Etats-Unis, il flaire le potentiel du Suisse pour réaliser des albums concepts portés par un personnage excentrique et ainsi prendre la place laissée par le chanteur aux lunettes blanches.
Juvet, qui a découvert le disco dans les boites de Los Angeles, oriente le nouvel album vers ce style dans l’air de temps. Jarre écrit des textes sur mesure qui correspondent parfaitement au personnage du chanteur. Les deux artistes poussent l’album concept jusqu’à faire des morceaux de 6 minutes (“Paris by night”) voire 12 minutes (“Où sont les femmes ?”). Les séances studio sont un peu laborieuses car Juvet a du mal à récupérer de ses nuits de fête. Jarre repart aux Etats Unis travailler avec les mêmes musiciens que pour “Mort ou vif”. L’album “Paris by night“ sort finalement en 1977 et fait un énorme carton ! Il sera aussi édité au Canada, en Allemagne, en Italie, en Espagne. Les 45T “Où sont les femmes / Les bleus au cœur” et le portent. Juvet est partout dans les radios et les discothèques.
Juvet [à propos d'”Où sont les femmes ?”] : “C’est une chanson qui touchait tout le monde. Les hétéros disaient “elles sont où les meufs, ce soir ?” Et chez les gays, ils étaient morts de rire “elles sont pas chez nous !”” (Panique dans l’oreillette, 27.01.2010).
En bon producteur, Jarre gère aussi les passages télé de Juvet, exigeant certaines ambiances, des émissions spéciales… Il réalise aussi dans les studios luxembourgeois de RTL des petits clips associant des images de synthèse. Visionnaire, il voit encore plus loin : il projette un concert unique aux Invalides, ou une tournée des cabarets aux USA avec des musiciens transsexuels…
“Avec Juvet, je voulais aller beaucoup plus loin dans le côté disco expérimental, mais lui n’était pas tout à fait d’accord. Je voulais donc pousser ces expériences, mais en même temps j’avais envie de travailler sur une musique qui s’attache plus aux textures, à la substance du son.” (Global Tekno 1.1, 1999).
En parallèle à cette collaboration, Jarre prépare aussi son album personnel qu’il enregistre fin 1976 : “Oxygène”… Le succès de cet album, qui ouvre à Jarre la voie de la musique électronique populaire, la relative frilosité artistique de Juvet, et enfin sa rencontre “coup de foudre” avec Charlotte Rampling, vont mettre fin au couple artistique qu’il forme avec le chanteur depuis deux ans.
Depuis, “Où sont les femmes ?” est devenu l’hymne de la gay-pride. Les deux hommes entretiennent des contacts réguliers et se croisent au hasard d’émissions de télé. Patrick Juvet garde un très bon souvenir de leur collaboration et mentionne régulièrement que “Mort ou vif” et “Paris by night” sont ses albums préférés, comme il le répètera lors de l’émission “Panique dans l’oreillette” (janvier 2010) dont Jarre sera l’invité (voir la vidéo ci-dessous).
:: Gérard Lenorman ::
La collaboration entre Gérard Lenorman et Jean-Michel Jarre a été plus ponctuelle que pour les deux chanteurs précédents. Jarre n’a jamais donné beaucoup de détails la concernant non plus. On ignore comment les deux hommes se sont rencontrés et ont été amenés à travailler ensemble, notamment. Beaucoup croient que Jarre n’a fait que deux titres pour Lenorman (“La belle et la bête” et “La mort du cygne”) alors qu’il en a fait quatre, éparpillés sur trois albums.
Tout commence en 1975, donc après “Les mots bleus”. Jarre écrit la musique de “La fille que j’aime” et de “La belle et la bête”, sur des paroles de Maurice Viladin, pour l’album “Gérard Lenorman“. Le second morceau, arrangé avec le célèbre Gabriel Yared (BO de “37°2 le matin”, “Le patient anglais”, etc.), est le titre phare d’un 45T.
La même année, Lenorman porte son album à l’Olympia, où il reprend bien sûr ses grands succès, mais aussi quelques inédits dont deux sont signés (paroles et musique) Jean-Michel Jarre : “La parade” et “La mort du cygne” qui figureront sur le double album “Olympia 75“. Curieusement, la deuxième chanson sera reprise en studio deux albums plus tard (“Au delà des rêves“, 1977).
A noter que Jarre, l’auto-recycleur, a notamment puisé dans ses compositions pour Lenorman pour boucler à la hâte l’album “Rendez-vous“ (1986). Le thème de “La mort du cygne” inspirera ainsi le “Troisième rendez-vous”. Quant à l’épique “Deuxième rendez-vous”, il est directement décliné de la musique de “La belle et la bête”…
“Le premier arpège de mon morceau Rendez-vous 2 reprend la mélodie d’une chanson que j’avais écrite pour Gérard Lenorman, ça fait partie de mon travail de recyclage. J’adore les mélodies en apparence naïves mais qui cachent une mélancolie souterraine.” (Le journal du dimanche, 17.03.2010)
:: Françoise Hardy ::
C’est une très courte collaboration qui a eu lieu en 1975 entre Françoise Hardy et Jean-Michel Jarre, le temps d’un seul 45T. Jarre y fait preuve de son double talent d’auteur et de compositeur : il signe la musique de la première face “Que vas-tu faire ?“; il est l’auteur et le compositeur du deuxième titre “Le compte à rebours”. A l’origine, ces deux titres ne feront pas partie d’un album studio. Le premier sera pourtant intégré en “bonus” à la réédition CD (1991) de l’album “Entra’cte”.
Après cette éphémère coopération, les deux artistes se retrouveront 15 ans plus tard sur un même plateau, lors de l’émission “Télé Zèbre” de Thierry Ardisson, au cours de laquelle Françoise Hardy dressera le thème astral du compositeur.
JMJ, pour conclure :
“J’ai fait des paroles, j’ai fait à certains moments des musiques, à certains moments les deux, donc c’est vrai que pour moi les mots ont toujours eu une importance phonétique et sonore, je dirais, et pas seulement sur le plan du sens. Le problème du français par rapport à l’anglais d’ailleurs, c’est d’arriver à ce que des mots sonnent quand on les chante et, comme je ne suis pas chanteur, c’était avant tout un problème lié aux rencontres. Et effectivement ma rencontre avec des gens comme Christophe ou comme Patrick Juvet (…) sont des rencontres qui étaient liées justement à un intérêt que nous avions tous les uns et les autres au son.” (RTL, 30.05.2011)
“J’ai écrit un peu par hasard les paroles des Mots bleus, des Paradis perdus ou d’Où sont les femmes? Le monde de la chanson ne m’était pas familier, mais conceptualiser des univers m’a passionné. Et cela m’a valu une lettre de Gainsbourg, qui disait: « Bienvenue au club ». Mais moi, si j’avais été chanteur, j’aurais voulu être Bashung.” (L’express, 27.03.2007)
:: Sites Web : :
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> Oeuvres de JMJ à la Sacem : Voir sur le site de la Sacem
> Vidéos :
- “Les paradis perdus” de Christophe : Voir sur YouTube
- “Où sont les femmes ?” de Patrick Juvet : Voir sur YouTube
- L’émission “Panique dans l’oreillette” avec Jarre et Juvet : Lire notre article
- “La mort du cygne” de Gérard Lenorman : Voir sur Youtube
- “Que vas-tu faire” de Françoise Hardy : Voir sur YouTube
Dernière mise à jour le 11.05.2016
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