Aerozone vous propose la traduction de l’interview du blogueur scandinave Elf datée de 2018 en 4 parties. Rejoignez-moi avec Jean-Michel Jarre dans le parcours de sa discographie complète d’album studio, alors que nous sommes assis à discuter dans son appartement parisien. Vous croyez qu’Oxygène* était son premier album ? Alors attendez-vous à une surprise ! Une discussion fascinante avec le vrai innovateur, qui vient de sortir son dernier album Equinoxe Infinity*. C’est la première partie d’une longue interview que j’ai faite avec JMJ dans son appartement parisien le 9 novembre 2018. Après avoir remis en main propre le texte que j’avais rédigé au magazine, j’ai réalisé qu’il me restait tant d‘écrits que je voulais vraiment publier. Les voici ! Soyez les bienvenus.
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Il fait nuageux et un peu froid à Paris lorsque le manager de Jean-Michel, Fiona Commins*, m’accueille dans l’appartement du musicien. C’est un bel endroit, donnant sur la Seine, et même si c’est la taille de mon appartement en Norvège, Jarre est amical et accueillant comme toujours. Fiona m’apporte un verre d’eau pétillante et nous nous asseyons pour discuter. J’admire à quel point c’est possible pour cet homme d’avoir vendu 80 millions de disques, et de paraître étonnamment jeune alors qu’il a eu 70 ans il y a 2 mois.
Des disques et des records
La plus grande différence entre maintenant et quand il était à son apogée commerciale c’est qu’aujourd’hui il est considéré comme le plus important des pionniers de la musique électronique.
Si tu fais ça trop longtemps, tu tournes en rond, m’avait-il confié lors de sa précédente interview.
Mais je suis heureux de n’avoir jamais été à la mode. Quand tu n’es pas à la mode, ru ne peux pas être démodé. Jarre était également celui qui commençait à faire des shows semblables à ceux des DJ lors des festivals. Uniquement à grande échelle.
Il utilisait la lumière d’un pâté de maisons complet et à la fin il jouait devant 3,5 millions de spectateurs à Moscou* en 1997. Ce record tient toujours.
Durant les trois dernières années, il a fait des concerts en intérieur avec des shows de lasers et de lumière, il a même joué à Coachella* au printemps. En septembre, il a sorti une compilation (Planet Jarre*), qui nous donne une très bonne vision de l’ensemble de sa carrière, qui dure maintenant depuis cinq décennies. Entre 2015 et 2016, il a sorti deux albums, Electronica 1* et Electronica 2*, sur lesquels il a collaboré avec des artistes comme les Pet Shop Boys, Moby, Vince Clarke, 3D de Massive Attack, Pete Townshend, Laurie Anderson, M83, Yello et bien d’autres. En plus, il a aussi sorti Oxygène 3*, la dernière partie de son album capital de 1976 [NDLR: Oui, j’ai dit album capital, parce que c’est en fait le troisième album, ce qu’un grand nombre de personnes ne sait pas].
Deserted Palace
Elf: Un grand nombre de personnes pense qu’Oxygène (1976) est votre premier album, alors qu’en fait c’est votre troisième. Le premier s’intitulait Deserted Palace*, pourriez-vous m’en dire plus sur celui-ci ?
JMJ: Vous avez raison, beaucoup de personnes pensent qu’Oxygène est mon premier album pour une raison évidente : c’était mon premier album à succès. Mais j’avais commencé quelques années plus tôt avec Deserted Palace, mais j’ai fait d’autres choses auparavant, comme un maxi. Assez intéressant, je regardais sortir ma première musique électronique qui ressemble à celle des DJ d’aujourd’hui. J’ai commencé avec 1 maxi et ensuite des albums. Mon premier était La Cage, je l’ai réalisé à la fin des années 60. J’avais volé les clés du studio du Groupe de Recherche Musicale* à Paris dans lequel il n’était pas autorisé de rentrer. C’était un temple de technologies. Seuls les compositeurs adultes de l’Université étaient autorisés à y rentrer. Et j’ai commencé avec un équipement modeste. J’ai vendu mon amplificateur, ma guitare électrique et mon train électrique d’enfant pour pouvoir m’acheter mon billet pour Londres et m’acheter mon premier synthétiseur. L’AKS*, le premier VCS3 d’EMS. Deserted Palace a été réalisé dans un environnement minimaliste. La percussion était un petit Rototom et ressemblait un peu à un bongo, mais c’est enchâssé dans le métal et tu peux changer la tonalité. Et toutes les percussions pour cet album étaient faites de la sorte. Et j’ai eu un magnétophone de la marque Revox donc j’ai pu copier, faire des overdubs et réenregistrer. Tout sur cet album était très minimaliste. [NDLR: Il pense que cet album est intéressant et fun] J’ai eu un bon souvenir de la réalisation de celui-ci.
Elf: Est-ce que cela a été largement diffusé ?
JMJ: Non, c’était seulement diffusé aux Etats-Unis, assez intéressant. C’était un demande de Fox. A cette époque, la musique électronique servait pour la télé, et pour les compagnies de films qui voulaient créer des bandes originales futuristes pour leurs programmes de science-fiction, leurs films et autres.
Elf: Je trouve que “Bridge of Promises” sur cet album est particulièrement magnifique…
JMJ: Oui, quand je regarde cet album aujourd’hui, les titres sont assez drôles.
Elf: Ouais, « Exasperated Frog », par exemple…
Jarre rie et fais signe de la tête.
Les Granges brulées
Elf: Votre album suivant était les Granges Brûlées* (1973)…
JMJ: Oui, c’était vraiment drôle parce que c’était une totale incompréhension. Je ne pense pas que le producteur avait vraiment réalisé à quel point la diffusion de cet album montrait une musique pas vraiment conventionnelle. ? Parce que l’histoire elle-même est la plus conventionnelle des histoires françaises que l’on peut imaginer avec Alain Delon et Simone Signoret. Il se déroule à Montaigne en France et est un thriller français classique très traditionnel avec un meurtre commis dans une maison de campagne. Et puis vous avez cette musique folle, qui est vraiment expérimentale. [NDLR Selon lui, Aphex Twin lui a dit que c’était comme la musique d’Aphex Twin, vingt ans avant qu’il ne commence sa carrière.] Et l’éditeur, elle adorait la musique. Elle a dit que c’était très amusant pour elle de monter le film avec cette bande-son contrastante. Cela a très bien fonctionné avec le film. Mais c’est vraiment fou et étrange.
Elf: Je ne l’ai jamais vu.
JMJ: C’est très amusant. Quand je le regarde aujourd’hui, c’est probablement un peu démodé et ennuyeux, mais la musique et les images sont tellement contrastées qu’elles créent un effet excitant avec le film.
Elf: Personnellement, j’aime beaucoup le thème principal.
JMJ: Oui, c’est une mélodie vraiment forte.
Elf: Et vous avez aussi une voix humaine qui chante dessus.
JMJ: Oui, et nous l’avons enregistré dans ma chambre d’étudiant. J’étais encore à l’école. Et j’avais un micro moche, tellement c’était mauvais. Et j’ai trouvé une fille avec une très belle voix, mais même dans l’enregistrement, la voix est légèrement déformée, mais ça fonctionne. Cela crée une sorte d’humeur, je suppose.
Oxygène
Au cours des années suivantes, Jarre travailla avec beaucoup d’autres artistes. Il a écrit des mélodies et des paroles, s’est produit avec d’autres artistes et a produit de la musique pour d’autres. Il dit qu’il l’a fait pour accéder à la technologie de studio.
JMJ: J’ai regardé le matériel dans ma chambre, qui était très limité. Les studios d’enregistrement professionnels sont donc devenus pour moi un véritable Graal. Donc, pour y avoir accès, j’ai commencé à travailler avec de nombreux artistes français de la pop et du rock, juste pour avoir accès à cette technologie fantastique. J’avais en tête l’idée d’utiliser un jour toute l’expérience que j’ai acquise et toute cette technologie pour créer mes propres albums.
En ayant un pied dans le mouvement avant-gardiste et un pied dans le monde de la mélodie et de la pop, mon objectif était de créer un pont entre ces deux mondes. Mais si tu repensais à Deserted Palace et aux Granges Brûlées, j’essayais déjà de le faire. À savoir mélanger des mélodies fortes avec des expérimentations assez folles. Ma musique à succès plus commercial qui devait venir était le résultat de tout cela.
Elf: À cette époque, vous avez également fait une reprise du vieux classique instrumental Popcorn.
JMJ: Oui. Curieusement, on m’avait déjà demandé de le faire avant que la chanson ne devienne un tel succès. Et comme je devais gagner ma vie, ils m’ont approché et m’ont dit: «Il y a cette chanson électronique qui se passe en Amérique, ce serait génial si nous pouvions en faire une version européenne.» Alors, je l’ai fait.
[NDLR: L’expérience acquise par Jarre dans des studios professionnels a porté ses fruits. En 1976, il se sentait prêt à sortir son troisième album, Oxygène (1976). Ce fut un énorme succès et constitue le disque le plus vendu par un artiste français de tous les temps.]
Elf: Le hit d’Oxygène, Oxygène Part 4, c’est un peu Popcorn, auquel il ne manque que quelques notes, n’est-ce pas?
JMJ: C’est drôle, je n’avais jamais pensé à Popcorn quand je faisais Oxygène Part 4. Mais vous n’êtes pas le premier à le dire. Ceci dit, ma chanson est si différente de Popcorn en termes d’ambiance, de son et de beat… vous savez, il y a plusieurs cas dans l’histoire de la musique, où vous avez certains accords et thèmes proches les uns des autres. Quand la New Wave est arrivée à la fin des années 70 et au début des années 80, avec Human League, Orchestral Manoeuvres in the Dark, Depeche Mode et tous ces groupes, vous pouvez ressentir le même genre de rythmes, d’accords et de mélodies. Mais en même temps, ils sont très différents. Donc, dans le cas de Popcorn et Oxygène 4, c’était vraiment inconscient.
Elf: Andy McCluskey d’Orchestral Manoeuvres in the Dark a déclaré que son succès décisif, Electricity, n’était qu’une version accélérée de Radioactivity de Kraftwerk.
JMJ: Vraiment? C’est génial! J’aime ça.
Elf: Et quand il l’a dit à Kraftwerk, tous les quatre ont dit, à l’unisson, “nous savons!”
JMJ: Ha ha! Je ne le savais pas. Ça c’est drôle.
Elf: Une chose pour laquelle Oxygène est célèbre est le fondu enchaîné parfait. Les chansons flottent si bien les unes dans les autres. Avez-vous composé les morceaux de cette manière ou avez-vous d’abord composé les mélodies, puis avez-vous décidé comment les fondre en fondu?
JMJ: C’est un point très intéressant. Je conviens que la magie d’Oxygène réside dans la manière dont les différentes parties sont liées, dans des transitions parfaites. J’ai essayé de faire la même chose avec mon dernier album, Equinoxe Infinity. [NDLR: Il dit avoir composé Oxygène en commençant par le milieu. C’est un truc qu’il aimerait transmettre aux jeunes musiciens.] Si vous commencez au milieu, vous devez créer l’introduction et la suite de la partie sur laquelle vous travaillez. Vous avez une piste, commencez au milieu, composez-la, puis vous construisez comment vous êtes arrivé à la section centrale et comment vous devriez continuer. Et c’est probablement l’explication de la manière parfaite pour Oxygène de fonctionner ensemble. C’est aussi un peu drôle que cela fonctionne si bien. Dans la première partie, vous avez ces moments épiques très cuivrés. Tout d’abord, tout est assez cool, et tout à coup, vous avez cette épopée sauvage… euh …fortissimo, ou comme vous voulez l’appeler. Et cela venait de quelque chose de complètement différent, que j’avais enregistré plus tôt sur une cassette. Et rappelez-vous, je n’avais que deux cassettes, je n’avais pas l’argent pour en acheter plus. Donc, si j’enregistrais quelque chose qui me déplaisait, je devais tout effacer. Mais je me souviens d’avoir pris la musique d’une bande noire et de la bande rose. Donc, si vous regardez la bande maîtresse d’Oxygène, elle est en grande partie noire, mais vous avez tout à coup cette section rose.
[NDLR: Jarre se rend également compte à quel point il était chanceux que tout se soit mis en place.] À cette époque, il fallait physiquement couper et coller le ruban adhésif. Et si vous aviez un battement de tambour, il était très facile de calculer où vous deviez couper. Mais lorsque vous avez plus de musique d’ambiance, il est beaucoup plus difficile de la couper sans perturber le flux de la musique. Et vous entendez également un clic là où il a été édité. J’ai donc dû ajouter de la musique enregistrée pour masquer ces modifications. Mais j’ai réussi à insérer cette pièce provenant de quelque chose de tout à fait différent et à la faire fonctionner comme un flux continu.
Elf: J’apprécie particulièrement la transition entre les parties 1 et 2. C’est absolument magnifique.
JMJ: Oui, je suis d’accord.
Lire aussi : Oxygène commenté par JMJ.
Équinoxe
Elf: Passons à Equinoxe (1978). Après avoir sorti un album à grand succès, avez-vous ressenti une certaine pression ou êtes-vous simplement entré en studio et travaillez-vous comme avant?
JMJ: Tu sais, le premier album que tu fais après ta percée est toujours un cauchemar, pour n’importe quel artiste. Avant, personne n’attend rien de vous et vous n’avez pas d’amis. Et puis vous réussissez et vous avez soudainement beaucoup d’amis et tout le monde vous regarde. [NDLR: Il parle ensuite du nouvel album, Equinoxe Infinity, où il a pris les figurines avec les jumelles de la pochette originale d’Equinoxe, les a utilisées sur la nouvelle couverture, ainsi que dans tout le matériel promotionnel, sous le nom de The Watchers]. C’est une métaphore parfaite et une couverture parfaite pour ce deuxième album, on vous surveille, hé hé.
Elf: Quand vous avez fait Equinoxe, vous aviez évidemment beaucoup plus d’instruments que sur le premier.
JMJ: Oui, plus, mais pas beaucoup plus, parce qu’il n’y avait pas autant de synthétiseurs sur le marché. Mais j’avais réussi à mettre la main sur la Yamaha CS-80*, probablement le meilleur synthé analogique polyphonique jamais créé. Je l’ai toujours, mais c’est un cauchemar de se procurer des pièces de rechange. Mais cela a beaucoup changé.
[NDLR] C’était aussi les débuts du séquenceur, et Jarre avait son propre séquenceur révolutionnaire à matrice. Mon ingénieur du son de l’époque, Michel Geiss, l’a créé pour moi. J’ai eu cette idée de mon temps au Groupe de Recherche Musicale, où ils avaient ce patch matriciel avec des épingles. Et… vous savez… ce qui est vraiment intéressant, c’est que les oscillateurs et les filtres que nous avons utilisés n’étaient pas conçus pour une utilisation musicale. Ils venaient de stations de radio. La musique électronique doit beaucoup aux stations de radio publiques. Stockhausen, Kraftwerk, Tangerine Dream et des gens comme moi, nous leur devons toute notre gratitude. Et, bien sûr, l’atelier radiophonique de la BBC, ainsi que le groupe de recherche dans lequel j’étais à Paris.
Il me dit ensuite que les premiers filtres et oscillateurs utilisés ont été pratiquement volés à des stations de radio publiques.
Et ils n’étaient pas destinés à la musique, ils étaient là pour s’assurer que le son diffusé était bon! Et on leur a volé ça pour faire notre musique. Et au GRM, ils disposaient d’une matrice d’oscillateurs provenant de la radio publique et l’un de leurs ingénieurs a réalisé ce patch, où il a utilisé une matrice de broches. Alors pour nous étudiants, aller dans un tel studio, c’était un rêve devenu réalité.
Alors, quand il a commencé à travailler sur Equinoxe, il a demandé à Michel Geiss de concevoir un séquenceur. Il a été construit avec 64 rangées, ce qui signifie 64 notes, et Jarre le décrit comme un instrument unique et un élément majeur de la sonorité d’équinoxe.
Elf: Quelle importance Michel Geiss* a-t-il eu dans votre développement musical?
JMJ: Vous savez, la musique électronique est bien sûr une question de technologie. Et Michel était très important pour moi, surtout au début, car il m’a aidé à concevoir certains instruments. Et il m’a également aidé avec la technologie dont nous disposions afin que je puisse faire le genre de musique que je voulais faire.
Elf: Parmi cette technologie, il y avait les pédales de guitare!
JMJ: J’ai utilisé beaucoup de pédales de guitare pour le phasage et le flanging, et à cette époque, c’était le monde des guitaristes, pas des claviéristes. C’était très étrange pour les gens de me voir entrer dans un magasin de guitare et acheter ceux-ci pour un clavier.
Bien entendu, les pédales devaient être adaptées à l’utilisation du clavier, en raison de la différence de signal et de courants électriques. Le son d’Oxygène et le son des cordes sur Equinoxe sont basés sur la pédale de guitare Small Stone et j’ai dû utiliser une petite pile 9V. Et c’était compliqué en soi. Parce que, quand la batterie était neuve, le phaseur était devenu fou. Et puis j’ai découvert si la batterie était à 7,6 V, elle était idéale pendant 15 minutes. Plus de 7,6 V, c’était trop, et si c’était inférieur à cela, c’était trop faible. Puis Michel, sans savoir comment, a réussi à y connecter un appareil pour qu’il soit stable à 7,6 V.
[NDLR: Jarre dit que tous ces combats avec la technologie sont très symboliques de ce qu’est la musique électronique]. Même de nos jours avec des ordinateurs et des synthés logiciels, il s’agit d’une attitude très simple et poétique à l’égard de la technologie et des moyens technologiques, de détournement et de piratage de la technologie et de création d’accidents. Pour Oxygène Part 2, par exemple, toute la structure est basée sur le fait que j’avais un Mellotron* cassé, sur lequel seules certaines des clés fonctionnaient. Et comme personne n’utilisait plus le Mellotron, je ne pouvais pas le réparer. Ainsi, toute la piste, avec les chaînes, est construite autour de cette limitation. C’est la limite ultime, si importante dans l’art. Les limitations sont la clé pour tout.
Elf: Je dois vous dire qu’Equinoxe est le disque que j’emporterai sur une île déserte. C’est mon album préféré de tous les temps.
Jarre serre ses mains l’une contre l’autre.
JMJ: Merci beaucoup, c’est très agréable à entendre.
Elf: J’avais 13 ans quand je l’ai eu et un jour que je l’écoutais dans mes écouteurs, l’écouteur gauche a cessé de fonctionner. Et c’est là que j’ai réalisé l’importance des délais dans votre musique.
JMJ: (Rires) Vous savez, le delay produit 50% du son d’Oxygène et d’Equinoxe. En gros, j’ai composé dans le haut-parleur gauche, puis j’ai laissé le delay faire le reste dans les haut-parleurs droits, ha, ha.
Elf: J’imagine toujours un jour de pluie en l’écoutant. Les premières notes de l’arpège sont les premières gouttes de pluie, puis les suivantes, puis il commence à verser et nous nous retrouvons dans un orage dans la dernière piste, qui passe ensuite. Était-ce ce que vous aviez en tête?
JMJ: Oui, j’aime bien que tu l’aies compris, les notes d’ouverture étaient les gouttes de pluie. L’inspiration d’Equinoxe est un mélange de la bande originale des films 2001: Odyssée de l’espace et de Fellini. C’est un mélange de passé et de futur, mais aussi d’écologie et d’environnement. Et la Norvège a été un modèle pour moi là-bas, car vous étiez vraiment en avance sur notre temps là-bas. Je me suis donc beaucoup inspiré de la manière scandinave de penser à la nature.
Elf: Comme mentionné ci-dessus, il y a beaucoup de bruits de pluie et d’eau sur Equinoxe. Mais ce n’est pas réel.
JMJ: Vous savez, j’ai rencontré Fellini et il m’a dit qu’il avait toujours pensé qu’il ferait un film différent chaque fois qu’il en réalisait un. Mais en regardant en arrière, il réalisa qu’il faisait toujours le même film. Et je pense que c’est vrai pour tout le monde. Si vous prenez Kraftwerk, OMD, Tarantino, Fellini, U2 ou Rolling Stones, nous suivons chacun le même chemin. C’est juste une mise en œuvre de la même idée. En vous parlant maintenant, je me rends compte que le nouvel Equinoxe Infinity est basé sur le même principe. Même les deux couvertures! Ce mélange mystérieux d’environnement, de sons de la nature et de sons technologiques et électroniques.
[NDLR: Il dit que la plus grande différence entre le premier Equinoxe et le second réside dans le fait que dans le second, presque aucun des sons de la nature n’est réel.] Je les ait recréés avec des synthétiseurs, inspirés par Fellini. Il m’a dit qu’il détestait filmer la mer. Si une scène du film nécessitait la mer, il recréerait son idée de la mer en studio. C’est peut-être faux, mais ce serait son idée de la mer. Et cela résume ce que j’aime en matière de musique électronique: vous pouvez recréer des sons et tout faire vous-même.
Merci à Elf de nous avoir laissé reproduire cet article. Retrouvez son interview d’origine.
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